leur époux une sympathie confiante, une bonne volonté tendre, qu’il appartient à celui-ci d’arrêter en son essor ou de transformer par la suite en attachement durable. Honoré, comme tant d’autres, bénéficia d’abord de cette disposition. « Mon bonheur sera parfait, lui écrivait Marie-Catherine la veille même du mariage, si je puis effectivement espérer que le vôtre en dépende. Je ne négligerai jamais rien de ce qui y pourra contribuer… et ma vie vous prouvera que je suis incapable d’abuser de votre confiance[1]. » Tout nous la montre résolue à tenir ces promesses avec une entière bonne foi. Chez cette enfant candide, un peu craintive, comprimée sous le joug d’une mère despotique, s’éveille une âme sensible, vibrante, avide de tendresse, reconnaissante des moindres attentions, toute prête, pour peu qu’il l’eût voulu, à se livrer sans réserve à l’homme dont elle porte le nom. La naissance d’un fils, le 11 mai 1758[2], après des couches laborieuses, resserre encore cette bonne entente ; et quand, deux ans après, le prince de Monaco s’absente pour précéder sa femme de quelques mois à Paris, les lettres qu’elle lui adresse respirent une affection sincère : « On me trouve triste, lui mande-t-elle le lendemain de son départ, et comment pourrais-jé être autrement, n’étant pas avec vous ?… Je me fais cependant friser pour être belle, mais je ne veux le paraître qu’à vos yeux. Je vous ai promis, ajoute-t-elle, un journal de mes actions ; car, pour celui de mes pensées, vous pouvez aisément le connaître : je ne pense qu’à vous[3]. »
Ce journal qu’elle annonce, elle le tient en effet avec une fidélité scrupuleuse. Honoré, jaloux et méfiant, non content de prescrire que, pendant son absence, Marie-Catherine demeure à Gênes, au milieu de sa famille, exige un compte exact de l’emploi de ses journées, des lettres qu’elle reçoit, des personnes qu’elle fréquente ; elle se soumet docilement à cet ordre. De ces menus récits, quotidiens et détaillés, je détacherai seulement quelques lignes çà et là, petits tableaux d’intérieur ou traits de caractère. La vie qu’elle mène, dans le palais de Gênes ou dans la belle villa située aux portes de la ville, est « unie, calme et solitaire. » Les heures se passent à lire, à travailler à l’aiguille, ou