sera prêt et conclu trois ou quatre jours après que j’aurai reçu la permission de Votre Majesté. Par conséquent cela ne passera pas la semaine de Noël. » La lettre se termine par cette déclaration qui, à soixante-douze ans, est d’assez fière allure : « Si l’on représentait à Votre Majesté ma démarche comme une retraite du service de sa cause, je désavoue d’avance cette interprétation ; car je suis prêt à partir le lendemain, soit pour l’Espagne, soit pour tout autre endroit, — sans en excepter la France, — où il plaira à Votre Majesté de m’envoyer ou de me mettre à sa suite. Je ne serais pas digne de celle que j’épouse, si je pouvais balancer un moment à remplir mon devoir. »
L’approbation sollicitée ne se fit pas attendre. Le courrier du lendemain apportait à Condé deux lettres de la main royale. Dans Tune, « c’est le roi qui parle et le fait d’un ton plus grave ; » il accorde son consentement, ainsi que les prérogatives attachées au rang de princesse du sang. La seconde lettre est « du parent, de l’ami du nouveau ménage, » qui s’exprime, dit-il, « à son aise ; » elle est cordiale, spirituelle, et quelque peu railleuse[1]. « Si nous sommes assez heureux, dit Louis XVIII en terminant, pour voir la fin de notre inaction, je suis bien certain que Madame la princesse de Condé attachera votre cuirasse, non sans émotion, mais d’une main assurée. » Cinq jours après, nouveau billet du Roi, adressé cette fois à Madame de Monaco[2] ; cette prose auguste est d’un aimable tour, on ne me reprochera pas d’en faire profiter le lecteur : « Ma cousine, c’est la première fois que j’écris à Madame la princesse de Monaco, et, Dieu merci, ce sera la dernière ; ainsi il faut bien employer le protocole dans toute sa rigueur. Je suis extrêmement sensible au remerciement que vous me faites ; je n’ai pourtant fait en cette circonstance qu’user de mon droit d’aînesse, et plût à Dieu que je l’employasse toujours aussi agréablement ! M. le prince de Condé sera, j’en suis sûr, heureux par vous ; vous le serez par lui ; et croyez, je vous prie, que cette idée contribue d’avance efficacement à ce bonheur particulier que vous voulez bien me souhaiter. Sur quoi, je prie Dieu qu’il vous ait, ma cousine, en sa sainte et digne garde. — Louis. »
Tout se passa suivant le programme arrêté. La bénédiction nuptiale fut donnée par l’évêque d’Uzès[3], le jour de Noël, à