Page:Revue des Deux Mondes - 1898 - tome 150.djvu/642

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
638
REVUE DES DEUX MONDES

inscrivant le candidat comme élève de son père et du collège de Nantes. La faculté se contenta de ces renseignemens et le candidat fut autorisé à se présenter devant la commission d’examen. Il comparut à la date du 14 novembre 1838 et fut « déclaré admissible au grade de bachelier ès lettres. » J’ai copié sur le registre du baccalauréat ès lettres les notes qui furent attribuées à Charles Leconte de l’Isle, né le 29 novembre[1] 1818, à Saint-Paul (Île Bourbon). Les voici :

               Interrogations
Notes    
En grec (Homère
 Médiocre
En latin (Cicéron
 Assez bien
Sur la rhétorique 
 Assez bien
En histoire et en géographie 
 Assez bien
Sur la philosophie 
 Passable
En mathématiques 
 Faible
En physique 
 Très faible
En français 
 Suffisant


Cette épreuve fut sans doute insuffisante comme pierre de touche de l’avenir du jeune bachelier. D’ailleurs, Leconte de Lisle ne maudit pas ses juges, même pendant le délai réglementaire ; au lendemain de l’épreuve, il écrivait : « Fort peu préparé à mon examen, je n’étais pas sans crainte. Heureusement que les demandes qu’on m’a faites étaient faciles, puisque j’ai répondu pas-

    Bourbon, m’a dit avoir été le camarade de Leconte de Lisle « à la pension Brieugne, place aux Cochons, à Nantes, au moment de la Révolution de Juillet. » Une note du maître, que l’écrivain qui signe Jean Dornis a bien voulu me communiquer, est ainsi conçue : « Venu en France à trois ans, retourné à Bourbon avec ma famille à dix ans. » En acceptant la date de M. Lacaussade, il faudrait lire cinq ans et douze ans. Le fait du séjour de Leconte de Lisle à Nantes est confirmé par le certificat d’études, mais l’établissement est désigné sous le nom de Collège de Nantes.

    Le maître a-t-il étudié au collège de Dinan, comme on l’a affirmé ? Une lettre de lui, écrite à Rennes, à la date du 12 janvier 1838, et dont un extrait m’a été adressé par M. Bellier-Dumaine, auteur d’une Histoire du collège de Dinan, le montre occupé à faire « démonter entièrement pour l’emporter, » un grand bureau qui faisait partie de son mobilier de Rennes, cherchant le moyen d’expédier ses malles à Dinan et prenant soin « de payer tout » avant son départ, selon la recommandation de son oncle.

    Il est probable que, prévoyant les difficultés et les lenteurs que l’éloignement des parens de Charles allait mettre à la solution de cette affaire du certificat d’études, M. Louis Leconte avait rappelé son neveu près de lui. Il est possible encore que, pour occuper les loisirs forcés du candidat, il l’ait fait entrer au collège de Dinan pour y compléter la préparation de son examen. Aucune trace du passage de Leconte de Lisle n’est restée au collège ; c’est une tradition pourtant qu’il y fut élève. En tout cas, il n’a pu y entrer avant le mois de février 1838 et y rester après la fin de l’année scolaire, en tout six mois environ.

  1. On a donné la date du 22 octobre (Revue Bleue, 10 juillet 1897).