autre intention que de servir Votre Majesté et obéir à ses commandemens, je n’ai rien à répondre à la lettre qu’il lui a plu me faire l’honneur de m’écrire, sinon que j’observerai si religieusement ce qui est de ses volontés que cette action comme toutes celles de ma vie feront avouer à tout le monde que je suis véritablement, Sire, de Votre Majesté, le fidèle et obéissant serviteur. »
De ce jour, l’incident est clos. La Reine continue à crier, la petite cour à s’agiter, les Bonzi et les Tantucci à trahir. Chanteloube et Ruccellaï accourent. Tous les ennemis de Richelieu, tous les violens reprennent le dessus. Mais lui, est hors d’affaire et sorti du guêpier. Maintenant, il respire. Blessure d’amour-propre n’est pas mortelle. Le revoilà lui-même, et après quelques jours de réflexion, il écrit au Roi et au duc de Luynes, et cette fois, c’est d’un tout autre ton encore. Ce sont des lettres d’homme libre et libéré, qui sait ce qu’il vaut et qui se redresse de toute sa taille : « Je proteste, Sire, devant Dieu, que je ne puis empêcher qu’on me calomnie, mais que j’empêcherai bien qu’on en ait sujet… Quand j’ai eu l’honneur d’être employé en vos affaires, j’ai fait, Sire, en conscience, ce que j’ai estimé devoir faire pour le bien de votre service. Depuis ce qui s’est passé (l’allusion à la mort du maréchal d’Ancre est directe), obéissant à vos commandemens, j’ai eu l’honneur de suivre la Reine votre mère ; je me suis comporté, en sa maison, en sorte que Votre Majesté en doit avoir contentement, toutes mes intentions n’ayant pour but (que le service de Votre Majesté. Le bruit seul que je n’étais pas agréable à Votre Majesté, sans que j’en eusse aucune connaissance de ma part, me fit la supplier (la Reine) de me permettre faire un voyage chez moi pour quelques jours. Ici, je n’ai d’autre soin que de prier Dieu pour la prospérité de Vos Majestés et m’occuper, parmi mes livres, aux divertissemens et fonctions d’un homme de ma profession. »
Le voici donc, maintenant, dans des dispositions nouvelles et certes bien différentes de celles où l’avait laissé, dans les premiers temps qui avaient suivi la mort du maréchal d’Ancre, l’agitation encore vibrante du monde politique où il venait de passer ses dernières années. Tout d’abord, malgré la rudesse du coup, il n’avait pas saisi la portée de l’acte qui l’éloignait du pouvoir. Maintenant il ouvrait les yeux. Il comprenait, selon le mot d’un de ses historiens, que « pour les hommes d’Etat, il est des circonstances où il faut savoir se faire oublier. » Il avait donc pris son parti de