Par un artifice de procédure, on l’a impliqué au procès de la maréchale d’Ancre. Le procureur général Servin, toujours excité contre ce qui est d’église, l’a accusé véhémentement d’avoir eu, avec le maréchal d’Ancre, une correspondance contraire aux intérêts de l’Etat. La cour lui fait sentir la menace. Le 12 juillet, Déagent, reprenant effrontément une conversation qui a si mal tourné pour Richelieu, se félicite d’avoir pu faire en sorte que, malgré le réquisitoire de Servin, l’évêque n’ait pas été compris au procès.
Cette poursuite contre la pauvre femme était inique. Ce n’était pas à elle qu’on en voulait, mais à la reine, et celle-ci ressentait cruellement l’injure. Mais Richelieu ne bouge pas. Il n’en est plus à croire aux promesses qu’avec un aplomb infatigable lui renouvelle Déagent : « M. de Luynes vous a continué toujours sa bonne volonté m’ayant, depuis peu, par deux fois, donné sa parole de votre retour, sans me pouvoir assurer du temps. Il est vrai que les esprits sont toujours fort aigris ici contre vous. » Tantucci lui-même essaye de se justifier. On lui fait subir une sorte d’interrogatoire où il découvre la figure piteuse d’un renard pris au piège. Il écrit d’interminables lettres où tout est expliqué avec une candeur empressée qui se heurte au parti pris de silence de l’exilé.
Ce qu’il y a de plaisant c’est que tout le monde se met à plaindre cette pauvre maréchale que tout le monde a poussée sur l’échafaud : « Sa mort, dit Déagent, lui a attiré autant d’honneur que sa vie lui avait attiré de haine et de blâme. » « Cette mort, dit, à son tour, Tantucci, a été tellement regrettée que c’est miracle. Mais le Roi avait peur, tant qu’elle était vivante. » Finalement, c’est le Roi, c’est ce pauvre adolescent affolé à plaisir, qui reste le seul responsable de tout !
L’évêque de Luçon est à Richelieu d’abord, puis dans son prieuré de Coussay. Il revoit les champs paternels et les longs horizons montueux de sa jeunesse. Il écoute, de loin, tous ces bruits qui viennent de la cour et assiste bientôt à une autre ruine, celle de son influence auprès de la reine mère. En son absence, toutes les haines et toutes les ambitions sont déchaînées contre lui. Ruccellaï, qui avait fait le mort et s’était réfugié dans son abbaye de Champagne, reparaît. Il écrit, le 26 juillet, à la reine pour la louer de sa conduite, pour lui offrir ses services et pour la supplier de le recevoir à Blois. Nous voyons, par les lettres