reine-mère. Toujours puissant, toujours actif, toujours combattant, c’était un homme qui s’était fait respecter, aimer, ou craindre de tout le monde. Mais il semble bien que son activité jamais au repos et son zèle pour la reine finirent par le compromettre dans la cabale du maréchal d’Ancre. Après la mort de celui-ci il devint suspect. Le nonce Bentivoglio lui-même l’accuse d’intrigues et d’indiscrétion. Dans le secret du confessionnal, il aurait posé au roi Louis XIII quelques questions embarrassantes. Quoi qu’il en soit, il n’était pas l’homme de Luynes. Celui-ci voulait être le maître. Il le remplaça. On ne chercha pas hors de la Compagnie, et, au Père Cotton on substitua, en qualité de confesseur du Roi, un autre jésuite, le Père Arnoux : ce fut ainsi que la tradition s’établit de réserver à l’ordre cette importante mission.
Le Père Arnoux avait de la faconde ; mais c’était un caractère moins prudent que l’autre et dont la rudesse apparente cachait mal une tendance marquée au servilisme et à l’intrigue. Louis XIII ne gagnait pas au change. Le Père Arnoux eut-il la prétention de faire oublier les joutes oratoires où son prédécesseur avait brillé ? Voulut-il débuter par un coup d’éclat ? Quoi qu’il en soit, vers le milieu de 1617, deux mois après qu’il eut été choisi pour remplir les fonctions de confesseur, prêchant à Fontainebleau, il prononça devant le Roi deux discours où il se faisait fort de démontrer que tous les textes de l’Écriture sainte cités par les protestans dans leur Confession de foi étaient faussement allégués et, pour donner à ce défi plus de poids, il remit entre les mains du Roi et fit circuler dans la cour une liste des textes au sujet desquels il prétendait prouver la fragilité de la thèse protestante.
Accuser des protestans d’ignorer la Bible, c’était la plus cruelle des injures. Les meilleures plumes des pasteurs furent taillées aussitôt et, non sans émotion, indignation et vitupère, les plus qualifiés d’entre eux descendirent dans la lice. Ils firent au Père Arnoux une réponse savante, précédée d’une préface courte et incisive, qui résumait, en somme, la thèse protestante sur le dogme, sur la discipline et sur les affaires du monde. Cette réponse était intitulée : Défense de la confession des Églises réformées de France contre les accusations du sieur Arnould, jésuite, et elle était signée des quatre ministres de Charenton : Montigni, Durand, du Moulin et Mestrezat.
Aussitôt la publication, tout l’accompagnement ordinaire de