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d’eau sous pression ; aussi ces sortes d’appareils rendent-ils de grands services. L’usage en est déjà très répandu aux États-Unis pour le mouvement des voitures automobiles ; il commence à l’être également en Europe et notamment à Paris.


III

La première en date des applications industrielles de l’électricité est la production de la lumière. Du jour où l’on a constaté que l’électricité fait naître une étincelle, le problème était posé : il ne s’agissait plus que de donner de la continuité à cette étincelle et de transformer en phénomène permanent un phénomène essentiellement fugitif et discontinu.

C’est Humphry Davy qui l’a résolu en créant le foyer lumineux auquel on a donné le nom d’arc voltaïque. Si l’on interrompt le circuit d’un courant électrique et si l’on réunit les extrémités ainsi disjointes par deux baguettes de graphite, on voit, dès qu’on les rapproche, jaillir entre leurs pointes une série d’étincelles qui produisent une lueur éclatante et une véritable flamme, dans laquelle sont transportées les particules de charbon qui vont du pôle positif au pôle négatif. Le charbon positif s’use ainsi deux fois plus vite que le charbon négatif. Si l’on veut avoir une lumière permanente, il faut qu’un mécanisme approprié rapproche les charbons au fur et à mesure de leur usure.

Ce mécanisme a reçu le nom de régulateur. Le plus ancien est celui qui fut imaginé par le constructeur français Serrin et qui, pendant de longues années, a été la seule lampe électrique connue. Combinée avec la machine l’Alliance ou la machine Gramme, elle a, jusqu’en 1876, servi à quelques rares expériences d’éclairage électrique : éclairage de chantiers de travaux, projections à distance, etc. Au moment du siège de Paris, un projecteur était installé à Montmartre. L’éclairage électrique n’en était qu’à de très modestes débuts. L’inconvénient du régulateur Serrin et des appareils analogues réside en ce qu’il n’est possible de placer qu’une lampe par circuit et qu’on ne peut ainsi diviser la lumière électrique. De là, la nécessité d’avoir des foyers puissans qui produisent des ombres très nettement accusées et fonctionnent, par conséquent, dans des conditions d’éclairage très défavorables.

La première tentative de division de la lumière électrique fut faite par Jablochkoff, qui supprima, du même coup, le mécanisme