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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 151.djvu/102

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LE
MÉCANISME DE LA VIE MODERNE

L’ALCOOL ET LES LIQUEURS

L’alcool est aujourd’hui, en France, un liquide assez mal vu, quoique largement consommé. Oserait-on bien plaider la cause de ce produit qui jouit de si peu d’estime et de tant de faveur ? Tremper lentement ses lèvres, après le repas, dans un verre de cognac ou de liqueur, dont on cueille la saveur avec le bout de sa langue, en menant un deuil extrême sur les progrès de l’alcoolisme, est le fait d’à peu près tous ces adultes, pétris de la pâte des heureux, qui composent les « classes bourgeoises » du temps présent.

Ceci prouve que la question a deux aspects… au moins, — deux aspects sous le seul point de vue de l’absorption gastronomique, en nature, — car l’alcool est ingurgité aussi, changé en vinaigre ; il tient sa place dans le chauffage et l’éclairage ; les pharmaciens, les parfumeurs ne sauraient s’en passer ; enfin, visible ou invisible, il joue dans les dessous de notre existence quotidienne un rôle fort important : sans lui, pas de quinine, d’éther ou de chloroforme, pas de vernis pour les meubles, pas de fulminates pour la chasse, pas de collodion pour les plaques de photographie. Il a donc, il pourrait avoir surtout, si la fiscalité