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remplir cette fonction essentielle, il faut à l’État un organe spécial : et, aussi bien, « l’organisation » suppose « l’organe. »

Ici encore, la jeune Amérique a tracé le chemin à la vieille Europe : c’est en 1869 qu’elle ouvrait, dans le Massachusetts, à Boston, son premier « Bureau du travail ; » et, depuis 1869, il en a été institué vingt-huit autres[1] sur le même modèle, sans compter le « Département fédéral du travail, » fondé à Washington en 1888. De ce côté de l’Atlantique, on a suivi l’exemple : la Grande-Bretagne, qui avait, au ministère de l’Intérieur, une inspection des usines et des mines, a depuis 1893, elle aussi, au ministère du Commerce, un Labour Department, un « département du travail. » L’Allemagne, outre un office statistique, a eu une commission particulière pour la statistique des ouvriers, et elle a un office d’assurance de l’Empire. L’Autriche a, au ministère de l’Intérieur, un « département technique des assurances, et, au ministère du Commerce, une « inspection centrale de l’industrie. » La Suisse, depuis 1887, subventionne un « Secrétariat ouvrier. » La Belgique, enfin, est allée plus loin : elle a, depuis 1895, un « ministère du Travail et de l’Industrie. » — En France, où nous avons au ministère du Commerce, depuis 1891, un Office du travail, » et, depuis 1893 ou 1896, une « Direction du travail, » deux propositions sont, à cette heure, soumises au Parlement, tendant : l’une, de M. Édouard Vaillant, à la création d’un ministère ; l’autre, de M. Dutreix, à celle d’un sous-secrétariat du Travail. Nous voudrions, à cette occasion, le

  1. De ces vingt-huit « bureaux du travail, de statistique du travail, de statistique du travail et industrielle, de statistique du travail et des mines, de statistique, travail, agriculture et immigration, » — les titres varient, — fondés après celui de Boston (1869), il en a été institué : un à Harrisbourg (Pensylvanie), en 1872 ; un à Hartford (Connecticut), en 1873 ; un à Columbus (Ohio), en 1877 ; un à Trenton (New-Jersey), en 1878 ; trois, à Jefferson City (Missouri), à Springfield (Illinois), et à Indianapolis (Indiana), en 1879 ; quatre, à Albany (New-York), à San-Francisco (Californie), à Lansing (Michigan), et à Madison (Wisconsin), en 1883 ; deux à Des Moines (Iowa) et à Haltimore (Maryland), en 1884 ; un à Topeka (Kansas), en 1885 ; six, à Providence (Rhode-Island), à Lincoln (Nebraska), à Raleigh (Caroline du Nord), à Augusta (Maine), à Saint-Paul (Minnesota), et à Denver (Colorado), en 1887 ; deux, à Charleston (West-Virginia), et à Bismarck (North-Dakota), en 1889 ; un, à Salt-Lake-City (Utah), en 1890 ; un, à Nashville (Tennessee), en 1891 ; un, à Frankfort (Kentucky), en 1892 ; deux, à Helena (Montana), et à Concord (New-Hampshire), en 1893 ; un, à Olympia (Washington), en 1897. — De plus, la Constitution de l’État d’Idaho autorise la création d’un « Bureau d’immigration, travail et statistique, » mais la Législature n’avait pas encore, l’année dernière, voté de crédits pour son entretien, et il n’avait pas été fait de lois en conséquence.