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Faisant un retour sur lui-même, il secoue toute la pluie des calomnies mesquines : « À un homme malheureux, écrit-il, on lui impute tout à faute : Il dépensoit en sa charge, on l’en estimoit en ce temps ; maintenant on lui impute : il faisait le prince ! — Il étoit libre, franc et ferme : il en étoit loué ; cependant, maintenant, il en reçoit blâme. Tout tourne en violence. — Il n’étoit point intéressé ; maintenant, c’est vanité. — Faisoit sa charge avec splendeur ; c’est gloire. — En un mot, les vertus d’un homme en faveur sont vices en disgrâce. »

Enfin, après un long plaidoyer, qu’il détruit d’avance par la fermeté du regard qu’il jette sur l’œuvre de ses successeurs, il reprend sa propre apologie en phrases courtes, hachées, où la nostalgie de la louange s’attarde à celle qu’il se donne à lui-même : « Fils de père qui a toujours servi les rois et, en si peu qu’il l’a pu, l’a toujours fait lui-même en son diocèse. Dès le commencement, le feu roi y a eu confiance ; depuis, la reine l’a continuée… — Faut commencer dès sa jeunesse qu’on trouvera accompagnée de bons présages ; s’est toujours conduit selon sa profession et selon les divers degrés auxquels il s’est trouvé ; — a été tel que la bonne opinion que le feu roi y avoit conçue, dès son jeune âge, lui doit être une marque de grande approbation. Le feu roi l’a voulu promouvoir à la charge en laquelle il est, devant qu’il ait l’âge requis. — À Rome, il a été reçu avec contentement et obtenu plus de grâce qu’il ne désiroit, ni même que le feu roi n’en demandoit. Le pape en ayant rendu des témoignages singuliers, l’ayant dispensé à vingt-deux ans, remis pour plus de 6000 écus de bulles. — La Sorbonne a à faveur de l’avoir en sa Société : il a fait estimer son banc célèbre pour la quantité de personnages qui y ont paru. » Comme la moindre chose est relevée dans le tableau de cette jeune et déjà glorieuse existence ! — « En tous lieux où il a vécu, il s’y est comporté avec estime. — Dans son diocèse, faisant sa charge sans donner lieu de plaintes aux huguenots. » Il insiste : « Il a remis plusieurs églises, avancé le bien de la religion, sans toutefois que ceux qui en sont divisés puissent s’en plaindre… Il se trouve aux États ; il y fait sa charge, étant ferme dans le service du Roi. » Et, enfin, bravement, car il n’abandonne pas ses amis : « Faudra mettre la défense de Barbin ; mains nettes, courageux. Mangot, excellent pour le sceau. » C’est sur ces mots que s’achèvent ces notes hâtives, destinées à prendre la forme d’une apologie qui ne fut jamais rédigée. En les