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SUR L’ÉLOQUENCE POLITIQUE



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I. M. Pellisson : Les Orateurs politiques en France de 1850 à nos jours. — II. Ernest Charles : Science sociale et politiciens ; — Le même : Les Praticiens politiques.

Plusieurs volumes, soit strictement documentaires, soit de vive polémique et de rude esprit satirique, — et dont le plus utile et concluant, comme il arrive, est peut-être le plus modeste, — ont été consacrés ces derniers temps à l’éloquence politique en France, et nous n’avons pas regret au regard d’ensemble qu’ils nous ont amenés à jeter sur ce genre littéraire, en vérité tout nouveau chez nous.

Il est, en effet, presque strictement vrai, que, si l’éloquence de la chaire est, à le bien prendre, ou du moins c’est notre avis, la partie qui reste la plus belle de toute notre littérature classique en prose ; que, si l’éloquence judiciaire a eu chez nous, avec les Lhospital, les Pasquier et les Patru, des représentans singulièrement glorieux et dignes de l’être; l’éloquence politique, sauf quelques harangues des États généraux de 1614, sauf, aussi, quelques discours, plus écrits que parlés, de Lhospital encore et de Pasquier, ne date chez nous que d’un peu plus d’un siècle et est véritablement un genre tout récent, dont l’évolution n’en est encore, en somme, qu’à ses commencemens, et dont les destinées générales ne peuvent être encore que soupçonnées.

Dans l’avant-propos qu’un historien un peu austère a mis en avant du livre de M. Pellisson sur les orateurs politiques contemporains, je lis ces lignes, qui devraient donner à cet « avant-propos » le titre « d’avertissement » : « Choisir les morceaux les plus beaux, soit dans le genre émouvant, soit dans le genre satirique, comparer les discours et les orateurs, en noter les mérites,