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LA PHILOSOPHIE
DE
PIERRE LEROUX

I
LES ARTICLES DU GLOBE
ET LA RÉFUTATION DE L'ÉCLECTISME


I

Lorsque je publiais, il y a quelques années, dans la Revue, une série d’articles sur la philosophie de Victor Cousin[1], je reçus une lettre non signée d’une personne qui me reprochait, poliment d’ailleurs, d’avoir complètement omis dans mon travail de parler de la Réfutation de l’Éclectisme, de Pierre Leroux. Si j’avais eu l’adresse et le nom de mon correspondant, j’aurais pu lui répondre que, bien loin d’ignorer cet ouvrage, il avait été pour moi, comme Mme de Staël le disait de Clarisse, l’un des événemens de ma jeunesse. J’étais, en effet, vers ce temps-là, élève de philosophie, sous la direction d’un maître très sérieux et très respectable, M. Gibon, qui nous élevait dans la crainte de Dieu et dans la haine de l’éclectisme. C’était un des trois révoltés qui avaient résisté à l’autorité et à l’influence de M. Cousin, à savoir Valette, Saphary et mon professeur. La veille des congés, il nous lisait,

  1. Voyez, dans la Revue des 1er et 15 janvier, 1er et 15 février, 1er mars 1884 : Victor Cousin et son œuvre philosophique.