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offerts à la duchesse de Bourgogne. Lorsque l’été et la chaleur arrivaient, c’étaient des divertissemens sur l’eau. Ainsi, le 9 juillet 1699, une grande partie en gondole fut organisée à Trianon. A six heures du soir, Monseigneur, le duc de Bourgogne et la princesse de Conti s’embarquèrent dans une gondole ; la duchesse de Bourgogne, avec un certain nombre de dames qu’elle avait nommées, dans une autre ; la duchesse de Chartres et la duchesse de Bourbon dans une troisième. Tous les musiciens du Roi étaient sur un yacht. Le Roi fit apporter des sièges sur la terrasse qui domine le canal, et resta jusqu’à huit heures du soir à entendre la musique. On rentra pour souper, et on se promena jusqu’à deux heures du matin, sur la terrasse et dans les jardins. A deux heures, la duchesse, de Bourgogne s’embarqua de nouveau en gondole et demeura sur le canal jusqu’au lever du soleil. A sept heures du matin, Mme de Maintenon devait partir pour Saint-Cyr. La duchesse de Bourgogne voulut à toute force la mettre en carrosse, et ce ne fut qu’après son départ qu’elle s’alla mettre au lit, « sans paraître fatiguée d’avoir tant veillé, » ajoute Dangeau[1].

Parfois on lui donnait aussi l’amusement de voir Paris et de courir les boutiques. Pour ces visites, on choisissait de préférence les jours de fête populaire. On la conduisait ainsi à la foire de Saint-Laurent, qui tombait le 18 août. Le cortège se composait de quatre magnifiques carrosses à sa livrée, attelés de huit chevaux. Elle était accompagnée d’un grand nombre de dames, et escortée de son écuyer, notre vieille connaissance Tessé. Le cortège entra par la porte Saint-Honoré. Il suivit la rue de Richelieu, la rue Neuve-des-Petits-Champs, gagna la rue Saint-Denis, et arriva ainsi jusqu’à la foire, qui se tenait en dehors de la porte. La Princesse descendit alors de voiture et se mêla au peuple[2]. « Tout le monde, dit le Mercure, se récria sur sa bonne grâce et ses agrémens, et l’on admira sa parure qui étoit grande. Elle avoit un habit gris de lin en falbala, tout garni de dentelles d’argent, de diamans et d’émeraudes. Sa tête en étoit aussi chargée et tous les rubans garnis. Elle alla voir les danseurs de corde et puis les marionnettes, qu’elle paya fort largement. » Elle se rendit ensuite dans les plus belles boutiques : chez un faïencier, auquel elle acheta beaucoup de porcelaines ; chez un bijoutier, qui, attendant sa visite, lui avait fait préparer une fort belle collation ; chez un autre

  1. Dangeau, t. VII, p. 111.
  2. Mercure de France, août 1098, p. 234 à 241.