les reproches de M. Blatin : on était mécontent, au convent, des conséquences qu’avait eues l’interpellation de M. Rabier sur le cléricalisme dans l’armée ; on se plaignait que certains chefs pussent s’autoriser d’une circulaire du ministère de la Guerre pour interdire à leurs subordonnés l’accès des loges ; et M. Blatin s’acharnait sur les « bureaucrates et ronds-de-cuir » de la rue Saint-Dominique, « qui sont absolument à la dévotion des cléricaux[1]. » Moins de quatre ans après, on a vu s’accentuer cette offensive de la maçonnerie[2], et l’histoire ramenait, en face de M. Blatin et de ses frères, M. le général Zurlinden… Enfin le convent de 1895 fit une démarche éloquente, plus éloquente, même, que les discours de M. Delpech et de M. Blatin, en acclament comme président du Grand Orient M. Lucipia. Les juridictions répressives qui suivirent la Commune avaient impliqué M. Lucipia dans l’affaire de l’assassinat des dominicains d’Arcueil; et, parmi les souvenirs qui désignaient cet homme politique à la confiance de la maçonnerie, M. Desmons ne craignit pas de rappeler « les longs mois passés au bagne. » M. Lucipia répondit avec franchise : « Bien que [les cheveux aient blanchi, si les circonstances étaient les mêmes, votre frère Lucipia serait le même[3]. » Le procès-verbal, ici, marque de vifs applaudissemens.
L’année 1896 fut tragique pour la maçonnerie : subitement elle escalada le Capitole, et puis en descendit. Au début de l’année, M. Léon Bourgeois était au pouvoir avec sept de ses « frères; » et s’il « tint à marcher de l’avant, » c’était, comme il le déclara plus tard dans une loge de Suresnes, parce qu’il « savait devoir être suivi par les maçons de France[4]. » La joie des loges fut immense. « Pour la première fois, déclarait M. Friquet, président de la Grande Loge symbolique écossaise, en portant un toast à M. Mesureur, nous possédons un gouvernement vraiment, entièrement démocratique, un gouvernement de maçons, et de maçons dignes de ce nom. Il me suffira de citer, parmi les ministres profanes, M. Berthelot, pour avoir le droit de dire qu’il ne leur manque, pour être des nôtres, que la formalité de l’initiation
- ↑ B. G. O., août-sept. 1895, p. 202.
- ↑ Vœux de M. Geyer, receveur des finances à Saint-Jean-d’Angely, en son nom personnel, et de M. Dazet, avocat, au nom du Conseil de l’ordre, à l’ouverture du convent de 1898. (C. R. G. O., 19-24 sept. 1898, p. 11-15.)
- ↑ B. G. O., août-sept. 1895, p. 370 et 376.
- ↑ C. R. G. O., sept.-oct. 1897, p. 28.