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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 153.djvu/117

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Dans les convens plus récens, on fait le silence. Une organisation internationale, sise rue Cadet, concerte avec la maçonnerie universelle une « politique extérieure » (je reprends le mot de M. Dequaire) ; et les maçons épars sur tout le territoire sont tenus à l’écart. Est-ce Paris, Londres ou Rome, qui donne le mot d’ordre ? Cette « politique occidentale » que certains historiens de l’heure présente conseillent à la France serait-elle la politique du Grand Orient? La ville aux sept collines, par une sorte de prédestination fatale au titre de reine du monde, inspirerait-elle la contre-église, dont M. Bourgeois fut parfois le missionnaire transalpin, comme elle inspire l’Eglise? On est réduit à des hypothèses. Qu’il suffise aux Français initiés de savoir qu’ils travaillent pour une œuvre internationale qui leur échappe; ils n’ont rien de plus à demander ; ils sont des moyens en vue d’une invisible fin; ils paient, ils obéissent, c’est tout ce qu’il faut.


V

Jusqu’où va l’obéissance, c’est ce que les documens ne nous révèlent que d’une façon fort incomplète. On a parlé discrètement, au convent de 1897, d’une circulaire par laquelle les Vénérables sont invités à fournir au Conseil de l’ordre certains renseignemens confidentiels. Lorsqu’on lit qu’en 1893 M. Dutreix, député radical de l’Aube, engagea la loge de Vitry-le-François à « faire la plus active propagande en vue des élections[1], » l’imagination évoque tout de suite un club. Lorsque l’on constate qu’en 1896, M. Monteil apportait au Conseil une promesse de la loge de Laon et que cette loge s’engageait à « centraliser tous les renseignemens politiques ou autres qu’elle pourrait se procurer dans la contrée[2], » on se demande si les loges sont des organisations de police secrète. Lorsqu’on voit qu’en 1890 une loge de Marseille dénonce l’embauchage de l’armée par une société cléricale[3], et qu’en 1897 la loge de Tarbes dénonce au Conseil une messe commandée par un général pour l’anniversaire de Solférino, et lorsqu’on lit dans la « planche » de cette dernière loge : « Encore quelque temps, et l’armée sera définitivement l’armée du pape, de la superstition,

  1. B. G. O., juin 1893, p. 154.
  2. C. R. G. O., déc. 1896-janv. 1897, p. 18.
  3. B. G. O., nov. 1890, p. 694.