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par conduction le long du sol, à la surface des eaux, dans l’air humide. En d’autres termes, à côté des ondes rayonnées, il pourrait parfaitement en exister qui seraient simplement conduites. Et ce serait alors une seconde manière d’expliquer que la transmission ne se fasse pas plus mal en temps de brouillard qu’en temps sec, et qu’elle se fasse mieux sur mer que sur la terre, moins bonne conductrice que l’eau. Cette manière de voir est en accord avec une expérience qui prouve que le télégraphe sans fil ne fonctionne que plus facilement avec fil. Si l’on relie les antennes des deux postes par un fil métallique, la transmission n’en est que mieux assurée.

Ces ondes, dispersées tout autour de l’antenne, et dont une bonne partie est perdue, on pourrait les mieux diriger et aussi les mieux recueillir. Il faudrait employer, à cet effet, des jeux de miroirs ou de lentilles, qui permettraient de les rassembler en faisceau, comme l’on fait pour concentrer et projeter les rayons lumineux. Mais il y a ici une difficulté qui n’existe pas habituellement dans le cas de la lumière : c’est que les phénomènes de réflexion irrégulière, de diffraction, prennent une grande importance, parce que les dimensions des miroirs sont de l’ordre de grandeur des longueurs d’onde. Le même inconvénient ne se produit pas avec les rayons lumineux lorsque l’on arrête les dimensions des miroirs et des écrans au degré convenable.

La question de la propagation des ondes électriques étant maintenant réglée, voyons ce qui concerne leur production.


II

Production d’ébranlemens électriques, ou ondes hertziennes, à la station de départ ; — captation et révélation de ces ondes à la station d’arrivée; la nouvelle télégraphie se réduit à ces deux opérations.

L’histoire des ondes électriques présente un intérêt de premier ordre aux points de vue scientifique et philosophique. En philosophie naturelle, elle contient la solution du problème de l’action à distance, tant discuté depuis la découverte de l’attraction universelle et la fameuse lettre de Newton à Bentley, et enfin résolu, de notre temps, par la négative. En physique générale, les ondes électriques comblent l’abîme qui séparait l’électricité de la lumière et ramènent l’un à l’autre ces deux agens, en apparence si différens. Les rayons de lumière sont des « rayons de force électrique; » seulement les ébranlemens vibratoires de l’éther y sont beaucoup plus rapides : inversement, les vibrations électriques sont des vibrations lumineuses dix