L’occupation de la capitale d’un ennemi ne termine rien tant que son armée principale n’a pas été détruite. L’anéantissement aussi complet que possible de cette armée, c’est le but principal ou plutôt unique de la stratégie : le reste suit naturellement. Voilà Giülay tourné, dupé, dépisté, surpris. Supposez l’oncle à la place du neveu, il ne se serait pas occupé de Milan, il se serait rué, par une conversion à droite, dans le carré de Mortara, n’aurait pas perdu un instant pour tomber sur les Autrichiens. Giülay effaré était aux abois. Depuis plusieurs jours, son intelligent chef d’état-major s’efforçait de lui persuader qu’il était tourné, il n’en voulait rien croire. Le 1er juin, la réalité lui apparaît menaçante, et il en perd la tête. Il avait à choisir entre deux partis : ou rappeler ses troupes du Sud où elles n’avaient rien à faire, les ramener vers Mortara et Bobbio, et, là, essayer de couper notre armée par une attaque de flanc, ou bien se porter résolument derrière le Tessin et nous en disputer le passage. Pendant toute la journée du 1er et la matinée du 2, le malheureux général passe à chaque heure d’un parti à l’autre, et il exténue ses troupes
- ↑ Voyez la Revue du 1er mai.