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des temps anciens, et au premier rang celui Je Forey à Montebello.


VII

Giülay avait atteint son but et forcé les alliés à se découvrir. Il n’y avait plus à en douter : ils voulaient déboucher par Plaisance et forcer le défilé de Stradella. En conséquence il continue le changement de front commencé, établit trois de ses corps (5e, 7e, 9e), de Valenza à Pavie et Stradella, face au sud, met les 2e et 3e corps derrière eux, en réserve, autour de Garlasco, son quartier général, et ne laisse vers le nord, à Mortara et Vespolate, pour observer la Sesia, que le 7e corps et la division de cavalerie. Toutes ces dispositions, fort habiles, répondaient à la situation au moment où elles furent prises. Mais Giülay eut affaire à plus avisé que lui.

Je n’ai jamais eu de plan d’opération, a dit Napoléon, ce qui veut dire qu’il n’avait jamais commencé aucune de ses campagnes selon un plan immuable, et qu’il avait incessamment modifié ses premières conceptions en les adaptant aux exigences mobiles de circonstances impossibles à calculer dans le cabinet. Napoléon III suit cet exemple. Il est deviné; il ne peut plus songer à franchir le Tessin à Plaisance. Quand son oncle l’avait fait, en 1796, Beaulieu n’y avait que quelques uhlans, tandis que Giülay a toute une armée. Vraiment grand capitaine ce jour-là, il veut que la perspicacité de son adversaire tourne à sa perte. Giülay l’attend au sud ; il ira lui tomber sur le dos au nord, où il ne l’attend pas. Dès le 26, ce dessein est en formation dans son esprit. Le jour même de la bataille de Montebello, il était allé opérer des reconnaissances du côté de Vercelli. Assuré que Montebello n’a pas été le prélude d’une offensive plus sérieuse, il prend son parti. Il réunit le 27 mai un conseil de guerre auquel il convoque le major général Vaillant, l’aide-major général Martimprey et les généraux en chef de l’artillerie et du génie Lebœuf et Frossard. Il expose le plan nouveau qu’il substituera au plan primitif. Il n’agira plus par le Pô, Plaisance, Stradella; opérant un changement de front, il exécutera rapidement une marche de flanc par Valenza, Casal, Vercelli, Novare; il tournera la droite autrichienne et la devancera sur le Tessin; endormira Giülay et l’induira à se ramasser sur son aile gauche, en feignant de se concentrer lui-même sur