des gens de bien pour le succès d’un prompt accommodement de toutes les affaires. » Il s’agit évidemment de Richelieu.
Celui-ci avait, d’ailleurs, un double intérêt à voir se conclure une négociation qui devait constituer à la Reine une sorte de domaine indépendant, à distance respectable de la Cour, et, le cas échéant, un point d’appui pour résister par la force. Il savait, en effet, d’ores et déjà, ayant pris possession de l’esprit de la Reine, que lui et les siens seraient les détenteurs de ce domaine et qu’on les visait, quand on parlait dans les instructions de La Rochefoucauld, « des personnes auxquelles Sa Majesté la Reine devait en confier la garde. » Il avait, sur ce point, la promesse formelle de Marie de Médicis, et c’est par là que se manifestaient les premiers résultats de ce travail de captation dont l’évêque enveloppait la Reine-Mère.
Richelieu était même si sûr de son affaire, que lui et son frère, — avant de faire signer par la Reine le traité d’Angoulême, — avaient cru devoir délibérer sur la question de savoir si l’on ne pourrait pas obtenir, de la Cour, une place plus forte et plus avantageusement située que celle d’Angers, même avec le complément des Ponts-de-Cé et de Chinon. Dans un mémoire présenté à la Reine et très fortement déduit, les deux frères ne cachaient pas leur préférence pour Nantes. Ils reconnaissaient l’avantage de l’Anjou, à ne considérer que la beauté du site, l’agrément du climat, la force du château ; ils ajoutaient même une considération qui leur était propre : « Etant Angevins et, ayant Angers, ce serait commander en notre pays et en avoir la plus belle et principale charge. » Mais, malgré ce motif de convenance personnelle, ils insistaient auprès de la Reine sur l’avantage d’un port de mer riche et peuplé comme Nantes, surtout si l’on obtenait de la Cour un autre passage sur la Loire, Amboise, par exemple. À cette double demande, on voit se révéler l’esquisse d’un plan stratégique qui consiste à maintenir la communication entre les pays d’en deçà et d’au delà de la Loire, tout en se tenant, au besoin, en contact avec l’étranger par la mer.
De telles vues étaient suspectes. La Cour avait, pour refuser Nantes et Amboise, les mêmes raisons que les Richelieu avaient pour les réclamer au nom de la Reine. Cette exigence faillit tout rompre. Mais, quand Boulogne et Uzerche furent pris, quand Schomberg eut menacé Angoulême et qu’il fallut traiter précipitamment, la Reine avait cru habile de se contenter, en ce qui concernait les