que les diplomates ne sont pas toujours faits pour arranger Les affaires. » — Le Prince répondit que c’était afin d’être tout à fait franc que le mot « honoraire » avait été employé, car il n’entrait pas dans les idées de l’Empereur Napoléon de faire du Pape le président réel ; qu’il voulait seulement donner au Saint-Père une preuve de déférence pour sa haute position, mais en réservant la première place au plus puissant.
Relativement à la cession de la Lombardie, François-Joseph demanda ce que signifiaient ces mots : selon les vœux des populations. — Le Prince répondit que le principe de la souveraineté réside dans l’universalité des citoyens ; que c’est la base de la dynastie napoléonienne, le principe même sur lequel s’est appuyé l’Empereur pour la guerre actuelle, que les Français n’admettent pas que les peuples se cèdent comme des propriétés particulières, sans leur consentement ; que le roi de Piémont n’entend pas avoir fait la conquête de la Lombardie, mais l’avoir émancipée seulement et rendue à elle-même, libre de disposer de son sort. — Le terrain était brûlant, le Prince s’arrêta avec un certain embarras. François-Joseph dit avec finesse : « Mon cher Prince, nous ne sommes pas là pour faire un cours de droit des gens ; il est inutile de discuter des questions qui ne se rapportent pas directement à la paix ; sur les principes, nous ne saurions nous entendre ; ce que vous appelez les vœux des populations, le suffrage universel, je l’appelle, moi, le droit révolutionnaire ; je ne connais que le droit écrit par les traités. D’après eux, je possède la Lombardie ; je veux bien, en conséquence du sort des armes, céder mes droits à l’Empereur Napoléon, mais je ne puis reconnaître le vœu des populations, ni rien de semblable. » L’insistance eût fait échouer la négociation ; le Prince, qui tenait à ce qu’elle aboutît, abandonna le vœu des populations.
François-Joseph se refusa également à une cession directe au Piémont : « La France a conquis la Lombardie qui m’appartient ; je reconnais cette conquête et la cession qu’elle en fait à son allié ; c’est tout ce que je puis, mais je ne veux à aucun prix céder rien directement à la Sardaigne ; plutôt que de faire cette concession, qui touche pour moi à une question d’honneur, je m’exposerais à toutes les conséquences de la continuation de la guerre. »
« Nous arrivons, ajouta-t-il, à la plus grosse difficulté, celle des forteresses. Il n’en est pas question dans les préliminaires que nous discutons, et cependant ce point a été concédé entre l’Empereur