de bouleverser l’Europe. Il essaiera d’abord d’y parvenir par la séduction ; mais si ce moyen n’a pas de succès, il aura recours à son procédé ordinaire, la violence.
Depuis quelques jours, les arrestations secrètes se multiplient. On a fait ces jours derniers la capture de M. de Laversanne, plus connu sous le nom d’Ebram, parent ou allié de la famille Dessolle. Il a été saisi au moment où il s’y attendait le moins, et on ne sait point ce qu’on en a fait. Il entretenait, dit-on, une correspondance réglée avec l’agence royale de Londres, et, suivant l’usage des personnes attachées à cette agence, il avait chez lui une quantité considérable de papiers qui ont été pris, et dont on espère tirer grand parti. On assure que plusieurs personnes s’y trouvent compromises, et, en effet, plusieurs arrestations ont eu lieu à la suite de celle-là. Au reste, tout cela se passe dans le plus grand secret. S’il nous parvient de nouveaux détails, nous nous empresserons d’en faire part.
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Paris, le 13 août 1803.
Nous disions dernièrement que l’intention de Bonaparte était de faire rentrer l’Egypte sous la domination française, et qu’il espérait en trouver le moyen dans l’ébranlement communiqué à l’Europe par la guerre actuelle. De nouveaux renseignemens viennent de nous confirmer cette donnée de la manière la plus positive. C’est à sa haine contre les Anglais qu’il doit cette idée. C’est aussi cette haine qui lui en fait désirer l’exécution. Il prétend leur enlever le commerce des Indes orientales, en lui ouvrant la voie du Levant et en lui donnant l’Egypte pour entrepôt général. Une colonie française établie dans cette contrée, et forte de toute la puissance de la métropole, lui paraît un moyen infaillible d’atteindre ce but, et c’est là le grand coup qu’il veut porter à la richesse de l’Angleterre. C’est à cette grande révolution qu’il veut attacher une partie de sa gloire. Il va même jusqu’à espérer de trouver un jour la possibilité d’attaquer les possessions anglaises de l’Inde, et d’enlever pour jamais cette source de trésors immenses et de puissance aux Anglais. Et qui sait si les troubles qui éclatent en ce moment dans toutes les parties de l’Empire ottoman, troubles qu’on rejette sur l’Angleterre, ne se lient pas, d’une manière plus ou moins éloignée, à ses vastes projets de bouleversemens ?