point de cérémonie, leur dit-il ; continuez à me bien servir et je vous serai bon Roi. » Son père, Henri IV, n’eût pas dit mieux. À trois heures et demie, après avoir reconnu la place, il faisait sommer, par le sieur Cailleteau, conduit par un trompette, le château de se rendre. Prudent essaya de tenir. Mais son lieutenant, ses officiers, ses soldats se prononçaient contre lui et menaçaient de lui faire un mauvais parti, tant était grande l’autorité du nom du Roi. Le surlendemain, Prudent battait la chamade et rendait le château : « Si le Roi est là en personne, dit-il à son tour, j’aimerais mieux mourir que de m’opposer au premier triomphe de ses armes et suis prêt à lui ouvrir les portes sans capitulation. » (17 juillet.)
Ces nouvelles arrivaient, coup sur coup, à Angers. On y était déjà très troublé. Ceux des Grands qui avaient récemment quitté Paris étaient arrivés, l’un après l’autre, et leur venue avait, selon le mot de Richelieu, « chargé et incommodé la Reine. » Le duc de Vendôme, la comtesse de Soissons, son fils, le comte de Soissons, le maréchal de Boisdauphin, le duc de Retz, Marillac, tout le monde prétendait commander. Le spectacle de cette Cour, tumultueuse et désordonnée, est décrit par l’homme qui devait le plus souffrir du désordre : « Etant venus, la division se mit dans les Conseils : ils en voulaient tous être les maîtres. Ils s’opposaient tous qu’on fît venir Monsieur du Maine à la réputation duquel ils auroient été obligés de céder… Tous vouloient de l’argent et promettoient des merveilles ; ils prirent l’un, manquèrent à l’autre et ne trompèrent personne, parce qu’on n’avait rien attendu d’eux. »
On se plaignait de ceux qui étaient venus ; mais on se plaignait plus encore de ceux qui ne venaient pas. D’Epernon, qui n’aimait pas les cohues, retardait sa marche ; le duc de Rohan faisait de même ; le duc du Maine également ; Montmorency et les Châtillon ne se prononçaient pas et se confinaient dans leurs Pyrénées. Le grand mouvement sur lequel on comptait ne se dessinait que bien mollement. Chacun, avant de se prononcer, attendait que les événemens prissent tournure.
Sous la direction de l’évêque de Luçon, Marillac avait fait un plan magnifique. Il l’appelait, emphatiquement, l’état général. À le lire, le succès de la Reine était assuré. Le duc du Maine devait fournir 6 000 hommes de pied et 500 chevaux, M. de Montmorency 4 000 hommes et 300 chevaux ; M. de Chatillon 2 000 hommes