trois cent mille livres l’année suivante, pour payer les dettes qu’elle avait contractées. En échange, la Reine ne promettait guère qu’une chose : c’était de vivre en bonne intelligence avec la Cour et, en particulier, avec le favori.
L’entrevue qui eut lieu, le 13, entre le Roi et la Reine fut cordiale. Louis XIII était transformé et humanisé par son récent succès. La Reine était heureuse d’avoir échappé à la triste aventure où elle s’était engagée, et ne pouvait pas ne pas être touchée de l’indulgence qu’on avait pour elle et des égards qu’on lui témoignait. Le Roi alla au-devant de la Reine, qui, venant d’Angers, le rejoint au château de Brissac où il est descendu. Il la rencontre à une demi-lieue, se hâte et, fendant la foule des courtisans, l’embrasse au saut de sa litière. Il lui dit qu’il n’avait jamais eu tant d’impatience de la revoir. La Reine pleure. On put croire que, pour cette fois, la paix était faite sincèrement entre la Mère et le Fils.
Quant à Richelieu, il assistait avec un sourire à ce qui était, à la fois, son œuvre et son triomphe. Luynes, en effet, était venu vers lui et il avait rendu, le premier, les armes, en lui déclarant que le Roi mettait, en post-scriptum au traité, la promesse ferme du cardinalat, et, en effet, dès le lendemain, le Roi dépêchait à Rome un courrier « qui portoit ordre à notre ambassadeur de déclarer au Pape que Sa Majesté nommait M. de Luçon au cardinalat, et d’en poursuivre le plus promptement possible la solution. »
Ce n’est pas tout. Luynes était si convaincu qu’il fallait, à tout prix, désarmer l’opposition de son rival, qu’il lui offrait d’unir leurs deux familles par le mariage de son neveu, M. de Combalet, avec la nièce de Richelieu, Mlle de Vignerod de Pont Courlay. C’est Richelieu qui, avant d’accepter, se faisait prier, et ne consentait que sur les instances pressantes de la Reine-Mère.
Enfin, Luynes eut, bientôt, avec l’évêque une conversation qu’il eût voulu décisive et où, selon l’erreur de ceux qui parlent bien et qui, sont habitués à plaire, il crut avoir triomphé. Richelieu donna toutes les promesses qu’on voulut ; mais il fit observer que, « pour que l’intelligence proposée fût de durée, il importait que chaque partie fût en sa place naturelle et qu’il convenoit que ceux qui doivent tenir le rang principal dans l’Etat l’occupent. » Cela voulait dire que, si la Reine revenait près du Roi, elle devait reprendre son ancienne influence. Voilà, justement, la seule chose