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écrivait en 1858 : « L’homme, en vertu de la raison dont il est doué, a la faculté de sentir sa dignité dans la personne de son semblable comme dans sa propre personne : la justice est le produit de cette faculté. » Massol, vénérable de la Loge la Renaissance, enseignait encore en 1864[1] que « la réciprocité du respect entre les personnes humaines est l’élément constitutif de la conscience. » Or les justiciables n’ont pas, en thèse, de bonnes raisons pour s’abstenir d’appliquer ces maximes aux juges. Il faut songer qu’un certain nombre de magistrats sont, par la force des choses, les instrumens nécessaires de la révision. Ce n’est peut-être pas trop demander que d’engager les directeurs ordinaires de la conscience publique à laisser respirer ces personnages nécessaires et à leur permettre de s’acquitter librement de leur tâche.

Le même homme d’Etat ne manquerait pas d’ajouter que, pour calmer l’effervescence et gagner la confiance des justiciables, les gouvernans ne doivent point se lasser de recruter les juges parmi les hommes les plus désintéressés et les plus respectés, même s’il faut parfois sacrifier l’apparence d’un intérêt politique aux nécessités permanentes du gouvernement.


ARTHUR DESJARDINS.

  1. Voyez la Revue du 1er mai 1899.