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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/108

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au Transsaharien. La pierre, le roc nu est beaucoup plus la caractéristique du Sahara, en longeant à l’est l’Hoggar et plus au sud l’Aïr, que le sable. Un ingénieur, qui fut chargé en 1880 de diriger l’une des trois missions pour l’étude sur les lieux du chemin de fer transsaharien, M. Choisy, a heureusement dissipé cette légende : « Le Sahara, écrit-il dans les souvenirs de sa mission, est le pays du monde dont l’imagination altère le plus étrangement les contours et les couleurs... Chacun a son Sahara. Le mien était une grande plaine brûlante, couverte de sable mouvant que le simoun agite... Trois mois entiers, je dus vivre de la vie de caravane, sans cesse entouré d’Arabes du sud, sans autre perspective que des horizons vides. Toute une révolution s’opéra dans mes idées en ces trois mois. Le Sahara pays plat ? quels beaux ravins à pic j’y ai gravis ! — Un ciel de feu ? On gèle rien qu’en songeant à certaines nuits du désert. — Du sable ! J’ai marché de longues journées sans en trouver de quoi sécher une lettre. — Au reste, il y a désert et désert ; désert plat et désert raviné ; il y a même désert de sable. » Mais ce dernier est l’exception, il ne semble guère se rencontrer que dans la partie nord du Sahara, et on trouve, dans cette partie même, un couloir de terrain ferme entre les dunes au sud de Tougourt en suivant le lit du fleuve souterrain l’Igharghar jusqu’au point où l’on atteint un plateau rocheux, de médiocre hauteur d’ailleurs, le Tassili, qui occupe le Sahara du centre.

Le Sahara, en définitive, est beaucoup plus une étendue de roc qu’une étendue sablonneuse. On ne peut dire que ce soit une plaine ; mais le relief n’est nulle part très élevé ; sur cette longueur de 2 600 à 2 700 kilomètres, de Biskra à la région du Tchad, les points culminans, soit dans le plateau de Tassili, soit dans l’Aïr, ne paraissent dépasser nulle part 1 800 mètres, hauteur presque moitié moindre que les points culminans de l’Algérie, et il ne s’agit là que de pics isolés.

La carte jointe, dans les Comptes rendus de la Société de Géographie, aux lettres récemment écrites par M. Foureau, du puits d’Asiou, c’est-à-dire du Sahara méridional, fixe à une hauteur de 1 362 mètres la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Atlantique, au Djebel Ahorrene, à plus de 1 300 kilomètres au sud de Biskra ; rien ne dit qu’on étudiant mieux le pays on ne trouvera pas des cols plus bas. Ce relief modéré, sur un si grand trajet, doit faire considérer le Sahara sinon comme une plaine