leurs ressources des actives contributions de la charité privée et concourent avec l’administration municipale et sous son patronage, à rendre à peu près imperceptibles, dans l’alerte va-et-vient des rues, le spectacle ou le contact des misères humaines.
Washington, capitale de l’Union, siège du Pouvoir exécutif et du Congrès, des Ministères, de la Cour suprême, du Trésor fédéral, de l’Office central des patentes, résidence de toutes les missions diplomatiques accréditées aux États-Unis, doit offrir, au point de vue de la sécurité et de l’ordre, des garanties en rapport avec d’aussi grands intérêts.
Tout le monde connaît la massive silhouette du policeman américain, sanglé non sans peine dans son ample tunique bleue, l’œil perçant sous les bords rabattus de sa bombe de feutre aussi légendaire que le tricorne de Pandore, la main balançant avec une digne nonchalance le bâton sans réplique, vrai molosse, en un mot, qui n’a qu’à montrer sa carrure, pour rendre absurde toute idée de résistance. Six cents hommes de cette trempe sont détachés dans les divers quartiers de la ville : cinquante cavaliers font leur ronde dans la banlieue et les faubourgs. Ce rôle envié, et qui porte dans l’imagination populaire une auréole dont la plupart des mélodrames entretiennent l’éclat, ne s’obtient pas sans des aptitudes spéciales préalablement passées au crible d’un concours. « L’homme de police, dit le règlement, doit être physiquement parfait et posséder tout au moins une intelligence moyenne.» D’après les statistiques, il n’y a pas plus d’un candidat sur seize inscrits qui franchisse avec succès toutes les épreuves.
La paye de ce corps de choix est en rapport avec son recrutement et ses services. Le major, qui commande la brigade, reçoit 17 000 francs ; un capitaine, 9 000 ; quatre premiers lieutenans, 7 500 ; neuf lieutenans en second, 6 500 ; chaque policeman de première classe, 4000 ; chaque policeman de seconde classe, 5 000 ; ensemble avec les commissariats, les voitures de patrouille, les bicycles, etc., 3 500 000 francs environ, pour tout le chapitre.
Au surplus, ce n’est pas sans peine que les voies publiques de Washington conservent, dans leur généralité, leur cachet de propreté et de bon ordre, et le ministère des gens de police est loin d’être une sinécure.
Sans énumérer les circonstances multiples où s’exerce leur rôle tutélaire, relevons seulement, dans le rapport de 1896, la mention qu’ils ont dû accourir à 468 signaux d’incendie et qu’ils