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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/192

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l’énormité prétendue du programme ne les « hypnotisera » plus ; et on aura éliminé du baccalauréat presque tout ce qu’on en peut éliminer de hasard ou de chance.

C’est un premier moyen de « réformer les sanctions de l’enseignement secondaire, » tout en les conservant : en voici un second, qui permettrait d’apporter au programme des modifications plus profondes. Ce que les adversaires du baccalauréat en critiquent presque le plus vivement, ce sont, comme on l’a vu, les conditions dans lesquelles nos candidats subissent leur examen oral. M. Pozzi y insiste : « L’élève y est jugé en quelques minutes, sur un petit nombre de réponses, par des examinateurs pressés ; » et plus loin : « l’élève peut se troubler, il peut être indisposé ; » et encore : « si tous les examinateurs sont consciencieux, il en est de sévères et d’indulgens. C’est ce qu’en langage d’écoliers on appelle « les bonnes et mauvaises séries. » Nous connaissons aussi des examinateurs pédans, et nous en connaissons de facétieux. De vieux professeurs, qui n’ont de toute l’année que cette occasion de « faire de l’esprit, » en abusent, aux dépens d’un enfant et pour la joie de la galerie ; et de jeunes professeurs, tout pleins encore de leurs thèses, interrogent gravement un élève sur « la quantification du prédicat » ou sur la question de savoir « si la conscience est un épiphénomène. » S’il est temps assurément d’en finir avec ces manières d’interroger, le moyen en est aussi simple que radical, et c’est de ne plus « interroger. « Supprimons tout cet appareil, qui n’a de raison d’être que dans le principe mal entendu de « la publicité de l’examen ; » et réduisons l’examen à l’écrit. S’il y a dans « l’effort de mémoire » qu’on demande à nos candidats quelque chose d’excessif ou d’artificiel, on l’aura supprimé du même coup ; et, s’ils se trompent d’une date en histoire ou d’un « affluent » en géographie, leurs compositions diront si c’est ignorance réelle ou simple défaillance de mémoire. Au reste, et supposé que les examinateurs soient absolument curieux de connaître les personnes des candidats, — ce qui est indispensable, quand il s’agit, comme aux agrégations, de donner à quelqu’un licence d’enseigner, mais ce qui est tout à fait inutile, si je puis ainsi dire, en première instance ; — quelques questions y suffiront, très discrètes, posées sur le ton de la causerie familière, et limitées en principe au sujet qui a fourni la matière des compositions. Au baccalauréat, l’examen oral n’a vraiment pas de raison d’être ; on n’y voit que des inconvéniens ; il faut donc le