Quant à ses adversaires, les uns, comme M. Wœste, réclament le scrutin uninominal, et les autres, comme M. Théodor, député de Bruxelles, se rapprochant des radicaux et des socialistes, proposent d’étendre la représentation proportionnelle à l’ensemble du pays. Il faut joindre à ces derniers les catholiques démocrates de l’abbé Daens. C’est M. Théodor, on s’en souvient, qui a détendu la situation en disant que le projet gouvernemental n’était pas intangible, et qu’il avait pour son compte l’intention d’y proposer un amendement qui ne déplairait pas aux gauches. M. Vandenpeereboom n’a fait aucune opposition, aucune objection ; bien au contraire, il a accepté avec empressement le moyen de salut, ou de sauvetage, qui s’offrait à lui. Il a été convenu qu’on nommerait une commission de 15 membres, composée de 10 députés de la droite et de 5 de la gauche, et que cette commission étudierait sans exception tous les projets de réforme qui avaient déjà été présentés, ou qui pourraient l’être. Celui du gouvernement ne semble devoir figurer dans cette nomenclature que pour mémoire. M. Vandervelde, chef parlementaire des socialistes, parlant cette fois, et avec une certaine solennité, au nom de toutes les gauches, ou, comme il a dit, de la gauche, s’est rallié à cette manière de procéder. Il a annoncé en même temps qu’il proposerait à la commission une espèce d’appel au peuple ou de referendum. — Soit, a répondu M. Vandenpeereboom ; je me contente de faire mes réserves sur le fond. — Tous les projets possibles et imaginables pourront donc se produire devant la commission des Quinze, et elle s’est trouvée saisie de plusieurs avant d’exister. Aboutira-t-elle ? C’est la question qui se pose, et que nous ne nous chargeons pas de trancher.
Toutefois, à cette bonne nouvelle, l’ordre s’est rétabli comme par miracle dans les rues de Bruxelles ; la satisfaction a reparu sur les visages ; la Maison du Peuple, qui est quelque chose comme notre Bourse du Travail infiniment développée et agrandie, a pris un aspect de fête ; dans tous les meetings, radicaux et socialistes ont célébré leur victoire avec des sentimens où la bonne humeur et la confiance semblaient dominer. Le ministère avait cédé, tout était à la joie. Cela ressemblait un peu au baiser Lamourette qui a mis un si beau jour dans notre histoire : espérons que la ressemblance ne s’étendra pas au lendemain.
En Italie, où s’est produite également une manœuvre d’obstruction, les choses ne se sont pas passées de même. Le ministère n’a pas cédé ; il a prorogé la Chambre, et l’a envoyée en congé. Cette mesure qui,