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leur rang. Les spéculateurs qui recherchent encore les titres houillers et métallurgiques s’exposent aux déceptions que pourront leur causer les dividendes futurs, maintenus dans une sage limite par des administrations prudentes. Les optimistes répondent que rien ne fait prévoir un changement dans l’allure actuelle des marchés et persistent à escompter des progrès ininterrompus.


III

Nous avons essayé de donner à nos lecteurs une idée de la fièvre industrielle qui, au seuil d’un nouveau siècle, s’est emparée de l’Europe et de l’Amérique ; leur activité ne se borne pas à leurs propres territoires, mais déborde en Afrique, en Océanie, en Asie ; dans ce dernier continent, l’ouverture de la Chine aux chemins de fer, et bientôt à d’autres exploitations, promet aux ingénieurs et aux financiers de l’ancien et du nouveau monde des tâches multiples et intéressantes. Ce mouvement s’est développé grâce à la paix qui a régné entre les grandes puissances européennes depuis 1871, mais, en même temps, il a été alimenté par les commandes énormes de matériel de guerre et par les constructions navales de ces mêmes pays, qui, tout en protestant de leur amour de la paix, n’ont pas cessé d’augmenter leurs armemens.

A côté des fabrications de canons, de fusils, de cuirassés qui ont exigé des milliards, les œuvres pacifiques ont eu leur part, et parmi elles, au premier rang, les applications de l’électricité. Cette force prodigieuse, que l’on commence seulement à manier avec quelque sûreté, est en voie de transformer les industries.il suffit de considérer le nombre des entreprises de tramways, de chemins de fer électriques, de transport de force qui s’organisent, pour comprendre l’ampleur de ce mouvement. Les villes modifient leurs systèmes de communications, dont elles remplacent les voies et le matériel. Dans les usines, les transmissions, le traitement des minerais, commencent à se faire par le courant électrique. Des contrées, qui n’étaient visitées que par les touristes amoureux de sites sauvages, sont fouillées par les ingénieurs, qui captent les chutes d’eau, construisent des usines et y amènent cette force naturelle dont le prix est bien inférieur à celui de la vapeur. Le voyageur qui arrive d’Italie en France voit, au sortir du tunnel