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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 154.djvu/844

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Les grandes puissances, à l’exception de l’Angleterre, entretiennent toutes des haras : ceux d’Autriche et d’Italie sont inférieurs aux nôtres ; ceux de Prusse, largement dotés sur les fonds provenant de l’indemnité de guerre, ont pris depuis vingt ans un développement considérable. La population chevaline de France est de 7 têtes 69 par 100 habitans ; celle de l’Allemagne — 7 têtes 34 — est à peu de chose près équivalente.


III

Le nombre et la qualité des chevaux répandus sur le territoire français touchent fort peu, il faut l’avouer, la foule qui se presse sur le turf verdoyant dans la poussière d’or d’un beau soleil de printemps. Le seul « résultat des courses » auquel elle s’intéresse est le profit personnel qu’elle en attend. L’effectif des spectateurs varie avec l’hippodrome, la saison, la température ; il est un public spécial, intrépide, que rien n’arrête ni ne décourage : hommes et femmes envahissent pêle-mêle, sous une pluie battante, les trains de Maisons-Laffitte et grimpent, faute de place, sur les impériales des wagons de deuxième classe. Pourtant la longueur du trajet en chemin de fer exerce toujours quelque influence sur la recette, qui, pour certaines réunions d’automne à Chantilly, ne dépasse pas 15 000 francs.

Le jour du Derby lui-même est une perte : la Société d’Encouragement n’y réalise que 105 000 francs d’entrées et le prix du Jockey-Club coûte à lui seul 100 000 francs. — Il débuta en 1835 à 5 000 francs. — Le profit le plus clair est encaissé par la compagnie du Nord, qui transporte à cette occasion près de 30 000 voyageurs. Il est juste de reconnaître qu’elle n’y épargne pas ses peines : pour que les convois de retour, préalablement refoulés au delà de Creil, où ils attendent le moment de se mettre en branle, puissent se suivre presque sans interruption de 4 à 6 heures du soir, la Compagnie évacue par d’autres directions les trains de grandes lignes qui empruntent ordinairement cette voie, et dispose tout le long des rails, de Chantilly à Paris, à un kilomètre d’intervalle les uns des autres, des hommes d’équipe, sémaphores volans, tenant en main des tableaux marqués 1, 2, 3, 4 ou 5, selon le nombre de minutes écoulées depuis le passage du train précédent. De sorte que le mécanicien est averti, par cette indication, d’accélérer ou de ralentir sa marche.