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toujours, d’autre part, si ce n’est aux environs immédiats de Tientsin, à 20 lieues au moins de la mer. Outre le Tchili et le Chantoung qu’elle traverse dans leurs plus fertiles parties, cette ligne parcourt la province de Kiangsou, qui compte 21 millions d’habitans, à raison de 188 au kilomètre carré. Toute sa partie septentrionale sera construite par des ingénieurs allemands, et elle se raccordera à Tsinan, patrie de Confucius et ville de plus de 500 000 âmes, au réseau germanique du Chantoung ; la moitié sud sera confiée à des ingénieurs anglais. Elle comportera plus de difficultés que le Pékin-Hankéou, à cause du peu de consistance du sol dans les plaines basses coupées de nombreux arroyos et de rivières au lit changeant qu’elle traverse. Toute cette région a été souvent dévastée par les inondations effroyables du Hoang-ho : en 1851, à la suite d’une rupture de digues à 500 kilomètres de son embouchure, les eaux de cet énorme fleuve se sont mises à couler vers le nord-est au lieu de se diriger au sud-est ; et ses bouches ont été reportées de 400 kilomètres plus au nord ; le changement a coûté la vie à plusieurs millions de personnes ; de terribles désastres, presque aussi meurtriers, ont eu lieu de nouveau l’année dernière, et l’on a cru un instant que le Hoang-ho allait reprendre son ancien lit. Le passage du fleuve par la ligne de Tientsin à Tching-Kiang sera fort malaisé et entraînera des travaux d’art très coûteux. La construction n’est, du reste, pas encore commencée, car le contrat définitif entre le syndicat anglo-allemand et le gouvernement chinois vient seulement d’être signé, et l’édit impérial ordonnant l’exécution de la ligne promulgué au mois de mai dernier.

Pour compléter l’énumération des chemins de fer dès aujourd’hui concédés dans la moitié septentrionale de la Chine, il nous faut encore mentionner quelques lignes d’un intérêt plus local, au moins pour le moment, qui doivent desservir la région située à l’est de la grande voie de Pékin à Hankéou. Un embranchement de 300 kilomètres qui se détache de cette dernière à Ching-ting pour desservir Taï-yuen-fou, capitale du Chansi, est concédé à la Banque russo-chinoise, qui en commencera l’exécution aussitôt l’arrivée à Ching-ting des voies du Pékin-Hankéou. On compte, pour ce trafic, sur les grandes richesses minérales du Chansi, encore que Taïyuen-fou ne soit pas, semble-t-il, très avantageusement placé. Un prolongement au sud-ouest, vers Singan-fou, chef-lieu du Chensi, la plus ancienne ville et la première