Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/433

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la dette cubaine serait bientôt de près de 2 milliards. Plus récemment, M. Paul Leroy-Beaulieu arrivait un peu au delà de cette somme : 2 032 000 000 de pesetas ; et M. Robert Porter lui-même, bien au delà, arrêtant, en octobre 1898, — au moment des négociations, — le total de la dette à 519 600 000 dollars : 2 598 millions de francs[1].

Mais ce qui demeure incontesté, ce qui est incontestable, et ce qui, pour l’avenir, est l’important, c’est que tout le monde reconnaît. Espagnols, Cubains et Américains, que jusqu’à la période de troubles, de révoltes et d’expéditions militaires, qui s’ouvre vers 1860, le budget de l’île, si médiocrement administrée et si incomplètement exploitée qu’elle fût, se soldait par des excédens. « Jusqu’à l’année 1867-1868, lisons-nous dans España y Cuba, la situation économique de l’île fut véritablement prospère, puisqu’elle lui permit non seulement de concourir pendant très longtemps, et non pour de petites sommes, provenant des excédens de ses budgets, aux nécessités de la Péninsule, mais d’amortir, au moyen de ces mêmes excédens, la plus grande partie des obligations qui pesaient sur Cuba du fait de l’expédition du Mexique et de la guerre de Saint-Domingue[2]. » Les excédens versés au Trésor espagnol étaient-ils au juste de 45 millions, comme on le croyait en 1837, ou de 55 millions, comme on le disait en 1844, et comme M. Buchanan le répétait en 1848 ? N’étaient-ils au contraire que de 10 millions, comme d’autres le soutenaient ? Toujours est-il que c’étaient des excédens ; que c’était de la richesse, alors que, pour toutes sortes de causes et par toutes sortes d’issues, il s’en perdait beaucoup, alors qu’il n’y avait en valeur que la huitième ou la douzième partie de l’île de Cuba, le sol le plus merveilleux peut-être des deux mondes, une vraie mine de trésors agricoles, l’Eldorado du sucre, du café et du tabac.

  1. Cette somme, M. Porter la décompose ainsi ; Industrial Cuba, p. 261 :
    Dette de l’Espagne envers les États-Unis (1834)... 600 000 dollars.
    Billets créés par décret royal du 10 mai 1886 124 000 000 —
    — 27 septembre 1890 175 000 000 —
    Créances antérieures sur la trésorerie de Cuba 80 000 000 —
    — les douanes espagnoles 40 000 000 —
    Dette flottante, dépenses de guerre, etc. 100 000 000 —
    Total : 519 600 000 —
  2. España y Cuba, p. 109.