Nous avons passé le col du Terek-Davan, qui franchit la ligne de faîte de l’Alaï[2], frontière naturelle entre le Turkestan russe et le Turkestan chinois. Nous sommes, — le vendredi 31 octobre 1890, — au sommet de la crête qui, du Pamir au Kamchatka, sépare les eaux qui s’écoulent vers le bassin Aralo-Caspien, ou vers les steppes riveraines de l’Océan Glacial, de celles qui vont gagner le fond de la grande dépression du Lob-Nor, cette ancienne mer intérieure, tributaire elle-même, jadis, de l’Océan Pacifique. Nous avons escaladé la muraille de montagnes derrière laquelle se sont formées autrefois les diverses invasions hunniques, pour se ruer à l’improviste sur le monde occidental. Il s’agit maintenant de redescendre de l’autre côté.
Sur le versant sud du Terek-Davan, la descente est plus facile que sur le versant nord, ou du moins la pente est moins raide et plus régulière. Mais, en revanche, le sentier est beaucoup plus vertigineux. Il est tracé au flanc de l’un des versans d’une gorge, au lieu d’en suivre le fond comme de l’autre côté. Au moment où nous, venons de passer le col et de nous engager sur le versant