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JOURNAL DE ROUTE
EN
ASIE CENTRALE

DU FERGANAH EN KACHGARIE[1]

Après une marche d’un kilomètre environ à travers un massif de grands arbres de l’aspect le plus agréable, qui doit faire de ce lieu de campement une résidence charmante en été, nous retombons dans la vallée de Kizil-Sou. Nous suivons la rive gauche de ce fleuve pendant six kilomètres, puis nous sommes forcés dépasser sur la rive droite. Le Kizil-Sou ressemble ici, comme débit, au Rhône en amont de Lyon. La traversée n’est pas trop difficile, au point où nous l’effectuons, à cause du grand nombre d’îles qui, en cet endroit, divisent son lit, et de la faible profondeur de l’eau, étalée sur un large espace et coulant rapidement sur un fond de galets. Néanmoins les gués sont rares. Le fleuve s’encaisse assez profondément, un peu plus bas, et il nous faut en suivre la rive droite en cheminant, pendant plusieurs heures, à un niveau notablement supérieur à celui de la berge, au milieu d’un chaos de rochers très pittoresque, mais où la marche est assez pénible.

Un peu avant la sortie de ce défilé, nous sommes forcés de franchir une sorte d’énorme rempart qui le barre et qui est évidemment la moraine frontale d’un ancien glacier. On peut s’en

  1. Voyez la Revue des 1er septembre et 1er octobre 1898, et du 1er octobre 1899.