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REVUES ÉTRANGÈRES

MARY WOLLSTONECRAFT ET LES DROITS DE LA FEMME

A Study of Mary Wollstonecraft and the Rights of Woman,
par Emma Rauschenbusch-Clough, 1 vol. Londres, 1899.

De même que Mme Beecher Stowe, dont M. Annie Field nous présentait naguère la touchante figure[1], Mary Wollstonecraft a été un apôtre. C’est elle qui, la première, a prêché la guerre des sexes, la révolte de la femme contre le joug de l’homme. Sa prédication n’a pas eu, en vérité, comme la Case de l’Oncle Tom, la bonne fortune de produire un effet immédiat ; mais elle a donné naissance à une lutte qui se poursuit depuis cent ans avec une ardeur toujours croissante, et sans que personne encore en puisse deviner l’issue. Et, de même que Mme Beecher Stowe, Mary Wollstonecraft s’est trouvée vraiment prédestinée au rôle qu’elle a joué : son caractère, son éducation, les circonstances de sa vie, tout a concouru à faire d’elle l’apôtre des droits de la femme.

Elle est née le 27 avril 1759, aux environs de Londres, d’une famille irlandaise qui avait été riche, mais qui allait s’appauvrissant d’année en année. Son père, homme intelligent et actif, mais aigri peut-être par la mauvaise chance, était pour les siens un véritable tyran. Il battait ses enfans à toute occasion ; et plus volontiers encore, il battait sa femme, malgré les larmes, les supplications et les invectives de la petite Mary. Celle-ci avait en effet concentré sur sa mère toute

  1. Voyez, dans la Revue au 15 août 1898, La Vocation de Mme Beecher Stowe.