le départ de l’argile laisse un squelette de sable, incapable de retenir l’eau, et par suite d’être cultivé avec avantage. Si la pièce est plate, elle ne sera pas ravinée, mais, quand la pluie aura cessé, la boue se fendillera, formant de grosses mottes dont les particules soudées les unes aux autres ne pourront plus être séparées sans de grands efforts.
Comment éviter les changemens désastreux qu’amènent les pluies prolongées, comment empêcher la transformation déplorable d’une bonne terre en une masse compacte et imperméable ? Par le chaulage.
L’expérience est facile à réaliser : avant d’introduire les 100 grammes de terre dans le cylindre où ils doivent recevoir la pluie, mélangeons-les à un peu de chaux, un demi-gramme, par exemple, bien réparti dans la masse ; puis, après que la terre chaulée aura été mise en place, faisons tomber l’eau en pluie ; elle s’infiltre sans peine et coule limpide, et nous aurons beau multiplier les averses, la terre reste filtrante, elle conserve son aspect granuleux, elle ne forme pas de boue, son volume ne varie plus, on n’observe plus d’effondrement ; aussi la proportion d’eau retenue reste-t-elle constante.
Ainsi, quand une terre est naturellement pourvue d’une quantité suffisante de calcaire, elle résiste aux pluies prolongées, elles n’y détruisent pas l’ameublissement ; mais il en est tout autrement des terres fortes pauvres en chaux ; aussi a-t-on observé depuis longtemps que le chaulage y est très avantageux.
Pour en comprendre la raison, il faut savoir que l’argile présente deux états différens ; tantôt elle se délaie dans l’eau, y reste suspendue, tantôt au contraire elle se coagule, se sépare du liquide, et résiste à l’entraînement ; elle passe d’une forme à l’autre suivant que l’eau, qui agit sur elle, est pure ou chargée de calcaire.
Nous répétons, dans les cours de chimie agricole, une expérience que nous a enseignée mon confrère de l’Académie, M. Schlœsing : on délaie de la terre argileuse dans de l’eau distillée et on remplit de ce liquide trouble, limoneux, deux grands vases cylindriques de verre ; dans l’un, on introduit quelques gouttes d’un sel de chaux dissous, et on laisse l’autre sans addition. L’effet est presque immédiat : sous l’influence du sel de chaux, l’argile se coagule, se floconne, de petits agrégats apparaissent, lentement ils descendent dans le liquide et après un quart d’heure forment au fond une couche de quelques millimètres