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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/249

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l’Allemagne, der Keil in Deutschlands Fleische ? Jusqu’à présent, dans la chair allemande, le coin n’entre un peu profondément que vers Dresde et vers Eger ; alors, il entrerait par une ou deux pointes et couperait par un ou deux tranchans encore.

Mais supposons que cette solution soit adoptée : l’Allemagne prend ou reçoit tout ce qui est allemand, refuse ou se voit refuser tout ce qui ne l’est pas : quelle serait, dans ce cas, dans cette hypothèse, la future frontière de la future grande Allemagne ? A l’est, la limite ethnique, avec quelques franges ou bordures qui s’étalent en Hongrie, aux environs de Presbourg, d’Œdenburg et de Güns, est à peu près la limite actuelle des deux Etats, de l’Autriche et de la Hongrie, de la Cisleithanie et de la Transleithanie. A l’ouest, les Allemands ; et à l’est (sauf une dizaine d’îlots allemands autour de Gran, de Budapest, de Stuhlweissenburg, de Veszprém, autour de Fünfkirchen et de Mohacs surtout ; au-delà du Danube, entre Baja et Szegedin ; au-delà de la Theiss, autour de Temesvar ; en Transylvanie même, autour de Schässburg, et plus haut, autour de Bistritz) ; sauf ces îlots d’importance différente, à l’est, les Magyars.

La frontière future, laissant en dehors les éclats sautés du bloc allemand, suivrait donc ou à peu près, d’abord le cours de la March jusqu’à Presbourg, joindrait la Leitha, qu’elle suivrait jusqu’à Bruck, pour la rejoindre encore au-dessus de Wiener-Neustadt (si elle n’englobait la région qui s’étend entre la Leitha et la Raab) ; en d’autres termes, elle se guiderait plus ou moins exactement sur la limite orientale des provinces de Basse-Autriche et de Styrie, jusqu’à Radkersburg, sur la Mur, qu’elle franchirait en ce point. C’est là qu’elle rencontrerait la limite ethnique du deutsches Reich au sud, et conséquemment, en vertu du principe des nationalités, la nouvelle frontière sud de la grande Allemagne : c’est là que se ferait leur intersection. Elle toucherait la Drave une première fois à Marburg, une seconde fois à Unter-Drauburg, et en longerait la rive gauche jusqu’au-dessous de Villach en Carinthie. Après quoi, elle se confondrait avec la limite sud de cette province, jusqu’à la limite du Tyrol, vers Lienz sur l’Isel, la quitterait, pour mener, au-dessus des vallées ladines, les deux côtés d’un triangle, enfermant un autre triangle dont les sommets seraient Brixen et Bozen sur l’Eisack et Meran sur l’Etsch ou l’Adige, puis s’enfoncerait à l’ouest, parallèlement au cours de ce fleuve, jusqu’à la frontière suisse. A