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et à Hong kong ; les Russes sont installés au nord, les Japonais au centre. Notre empire asiatique occupe, sur ces rivages si disputés, une place enviée : il est dans la nature des choses qu’il participe au trafic de ces lointains parages. Un pays peuplé de 20 millions d’habitans, domaine d’une race industrieuse et laborieuse, contigu à un immense foyer de production, entouré de colonies européennes prospères et commerçantes, a des rapports économiques nécessaires avec ses voisins. La situation et les conditions d’existence de l’Indo-Chine sont bien loin de ressembler, par exemple, à celles de notre Sénégal : la Chine n’est pas un Sahara, ni même un Soudan ; elle est au contraire une source incomparable de richesses naturelles et beaucoup de produits de notre colonie y pourraient trouver un débouché proche et avantageux. Le moment semble venu, sans oublier jamais les intérêts généraux de la France, de ne plus nous replier craintivement sur nous-mêmes et de faire avec la Chine cette « soudure commerciale » dont la mission lyonnaise a préparé les moyens.

L’exemple du commerce du riz est topique. Le riz est la principale richesse agricole des parties humides de l’Indo-Chine française ; les ports du Tonkin et surtout la Cochinchine en exportent chaque année des quantités considérables à destination des marchés chinois. C’est une excellente culture, qu’il serait très utile de nous appliquer à développer par un bon système d’irrigations ; car l’Empire du Milieu, avec son immense population et ses famines effroyables, est et sera presque indéfiniment acheteur de riz. Le sucre annamite, exporté par Tourane, trouve en Chine son débouché. A Hong-kong ou à Canton vont la cannelle de l’Annam, le cunao du Tonkin, les bois du haut fleuve ; les huiles à laquer ne trouvent guère de vente qu’en Chine. A Hong-kong encore, les charbons de lion-gai et de Ké-bao ont, mélangés à la houille japonaise et transformés en briquettes, un marché avantageux. Ainsi, une grande partie des produits de notre colonie asiatique sont assurés, en Chine, d’un débouché que les ports trop lointains de France ne sauraient leur offrir. De même à l’importation : il faut distinguer entre les catégories de marchandises. Malgré les tarifs protecteurs, les filés de coton venus de France peuvent difficilement lutter avec les articles indiens, tandis qu’au contraire, pour les tissus, cotonnades et toiles de lin ou de chanvre, les envois de France sont en progrès. Les soies du Tonkin sembleraient devoir trouver dans notre région