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peut être un conducteur, c’est-à-dire livrer passage au courant sans subir de décomposition : il n’est pas électrolyte. Inversement, un liquide ne peut jamais être un conducteur : ou bien il est infranchissable au courant à la façon d’un isolant parfait, comme l’air ou les gaz ; ou bien il est franchissable ; mais alors il subit une décomposition corrélative.

Il y a donc, parmi les liquides, deux catégories : les non électrolytes, isolans parfaits qui comprennent tous les corps à l’exception des sels, des bases minérales et des acides minéraux : et il y a les électrolytes qui ne sont conducteurs qu’à la condition d’être décomposés en ions. Conduction et décomposition en ions sont par conséquent, pour les liquides, deux faits connexes.

Les conséquences de cette étroite connexion sont évidentes. On est obligé d’admettre que les élémens électrolytiques, les ions sont les véhicules du courant. Ils sont les agens du transport de l’électricité qui traverse une solution, puisqu’il n’y a de passage que s’il y a des ions, et que, d’autre part, les liquides eux-mêmes qui servent de dissolvans au sel, tels l’eau, l’alcool, l’éther etc., sont par eux-mêmes infranchissables. Le caractère isolateur du dissolvant s’oppose à ce que la charge électrique de l’ion l’abandonne, tant qu’il est entouré de ce dissolvant (eau). L’électricité est, de ce fait, comme rivée. Lorsqu’elle subira des attractions ou des répulsions, elle ne pourra leur obéir qu’en entraînant l’ion avec elle.


II

L’expérience la plus simple a fait connaître quelques autres propriétés des ions. Et d’abord, leur constitution chimique ; nous voulons dire, la constitution chimique de leur squelette, après qu’ils ont perdu leur atmosphère électrique, qu’ils ont donc cessé d’être des ions et sont redevenus des corps ordinaires ; ce sont des métaux et des radicaux.

Aujourd’hui, les sels, c’est-à-dire les véritables électrolytes sont définis non plus comme jadis, au temps de la nomenclature dualistique des Berzélius et Mitscherlich, le résultat de l’union d’un acide avec une base, quoiqu’ils puissent, en effet, être obtenus par ce moyen. Un sel est le résultat de la combinaison d’un métal avec un radical. Celui-ci peut être un corps simple, métalloïde, tel que le chlore, le brome, — ou composé, comme les groupemens SO4 qui existent dans les sulfates, AzO3 dans les azotates, CO3 dans les carbonates, etc. Ce sont précisément là les ions.