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MADAME DE STAËL
ET
LA RÉPUBLIQUE EN 1798

« Les premières et les plus pures espérances de la réforme sociale n’eurent jamais de plus éloquent interprète que Mme de Staël : ses écrits intéressent le présent et l’avenir. »

Ce jugement de Villemain s’applique à l’ensemble de l’œuvre de Mme de Staël ; mais il convient surtout aux pages inédites que nous présentons aujourd’hui au public, et qui est intitulé : Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France. Cet ouvrage, presque entièrement rédigé, est contenu dans un manuscrit de 297 feuillets légué à la Bibliothèque nationale, en 1882, par Mme Ch. Lenormant. Les quarante-deux premiers feuillets ne présentent que des fragmens incomplets, plus ou moins développés, qui ne se rapportent pas tous au même sujet. Mais, à partir du feuillet 43, l’œuvre commence et se continue sans interruption. Elle est divisée en chapitres, qui ont chacun leur objet propre ; elle a pour épigraphe ces mots, tirés de la Vie d’Agricola de Tacite : Pauci, ut ita dixerim, non modo aliorum, sed etiam nostri superstites sumus, exemptis e media vita tot annis, quibus juvenes ad senectutem, senes prope ad ipsos exactæ ætatis terminos pcr silentium venimus. Comme il est facile de s’en apercevoir à la lecture, ce livre a été écrit après le coup d’état du 18 fructidor, et les élections de l’an VI, pendant l’expédition d’Egypte, probablement dans les derniers mois de l’année 1798,