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Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 156.djvu/903

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CÔTES ET PORTS FRANÇAIS DE L’OCÉAN

s’écouler ensuite à la mer par le courant de Mimizan, se déversait autrefois directement dans l’Océan, à Maubruc, au moyen d’un chenal très profond qu’on appelait pour cela un « gourg. » Aujourd’hui le « gourg » ou « gurg » de Maubruc n’est qu’un fossé sinueux et presque à sec. Le chenal est complètement comblé depuis la fin du XIVe siècle, et le port de Maubruc n’est qu’une mare donnant accès seulement aux barques plates des étangs.

Ainsi, d’une manière générale, on peut considérer qu’à une certaine époque le littoral a été fractionné en une série de golfes et que ces golfes, en communication directe avec la mer, en ont été peu à peu séparés, d’abord par la formation des cordons littoraux, ensuite par la marche des dunes. Une partie du pays, d’ailleurs, porte le nom de « Marensin ; » l’étymologie maris sinus, golfe de la mer, est peut-être douteuse ; elle est dans tous les cas fort rationnelle et rappelle très bien l’ancien état des lieux.

IX

Les diverses chaînes échelonnées et mamelonnées des dunes qui couvrent le littoral de Gascogne ont, sur un développement de près de 200 kilomètres, une largeur moyenne de 5 kilomètres. Leur hauteur moyenne peut être évaluée à 30 mètres : les plus hautes ne dépassant guère 80 mètres et étant exceptionnelles, comme les pics élevés qui s’élèvent au milieu d’une chaîne de montagnes ; le plus grand nombre formant seulement de larges ondulations de sable d’un assez faible relief. La masse totale des dunes de Gascogne paraît donc être à peu près d’une trentaine de milliards de mètres cubes. D’autre part, l’apport annuel des matières arénacées, rejetées sur la plage et mises en mouvement par les vents du large, a été évalué à 5 ou 6 millions de mètres cubes. Ces nombres ne sont pas et ne peuvent pas être tout à fait exacts ; mais, si on les considère comme approximatifs, il est curieux de retrouver à peu près le chiffre de six mille ans que l’on donne quelquefois à l’origine de notre époque historique.

On est d’ailleurs encore moins fixé sur le taux régulier d’avancement des dunes dans les temps anciens et jusqu’à l’époque assez récente de leur dernière fixation. Dans un mémoire célèbre, qui date de l’an VI, l’ingénieur Brémontier raconte qu’il a suivi la marche d’une de ces montagnes dont la hauteur dépassait 60 mètres et qui s’avançait de « plusieurs » pieds en « très peu d’heures. »