de protection des industries américaines. Mais les noms de démocrates et de républicains n’ont plus le sens qu’ils avaient, il y a vingt-cinq ans ; les gens de cette génération sont morts, emportant leurs préjugés dans la tombe ; le simple changement d’un leader peut changer aussi les relations des deux partis entre eux ; ils représentent la politique du passé ; le parti qui se lève pour répondre vraiment à celle de l’avenir est le parti radical… La question du travail dans les villes, la question agricole dans les campagnes seront les deux problèmes futurs. Il n’y a pas d’antagonisme, ainsi qu’on voudrait le faire croire, entre les villes et les campagnes ; la guerre est entre le peuple et les privilèges partout où ceux-ci existent. Il n’est pas vrai que la cause du citadin et celle de l’agriculteur soient opposées ; la cause du peuple est la même en quelque lieu que ce soit. Voyez l’Angleterre et l’Irlande : toute la difficulté gît entre le paysan irlandais et le propriétaire anglais. En Amérique, la bataille commencera contre les corporations de chemins de fer qui font plus de mal encore que le tarif, car elles capturent un Etat, achètent les députés, rien ne leur résiste. Lisez plutôt sur ce sujet spécial la très émouvante satire des mœurs politiques à Washington : A member of the Third house[1].
Toutes les idées exterminatrices du monopole, qu’avec plus ou moins de raison professe Garland, son héros Bradley Talcott les partage. En les soutenant, il fournit une belle et rapide carrière politique ; brillant orateur, libre-échangiste convaincu, incapable de vendre son influence, quelque prix qu’on y mette, il a toutes les sympathies des fermiers. A une énorme majorité, il est élu député de Rock County. Les honnêtes gens lui savent gré de s’élever au-dessus des misérables factions locales jusqu’à la discussion des principes les plus élevés de justice et de liberté.
Il devient le chef écouté du parti des « Indépendans. » Mais quelle sauvagerie dans les scènes d’élections que raconte M. Garland ! Il nous faudra encore du temps pour arriver à rien de pareil, en admettant que nous devions jamais tomber si bas !
L’assemblée législative siège au chef-lieu de l’Etat, Des Moines, la plus grande ville qu’ait encore vue Bradley. Il y rencontre beaucoup d’hommes politiques de diverses catégories, dont les portraits sont tracés d’un trait vigoureux et sûr, très ressemblans
- ↑ Roman de Hamlin Garland, traduit par Mme Alice de Vaulx, sous le titre : La troisième Chambre, 1 vol. Calmann Lévy.