à voir que l’importance du rôle des câbles en temps de guerre inquiète même le pays qui possède les quatre cinquièmes du réseau télégraphique existant aujourd’hui !
Si l’on passe aux États-Unis, qui viennent d’expérimenter, avec l’Espagne, l’usage que l’on peut faire des câbles en temps de guerre, on constate aujourd’hui le même désir de s’assurer le concours de ces moyens de défense et de lutte, et, dans la manière dont ce désir se manifeste, on reconnaît le sens pratique et prévoyant de ce peuple, pour qui la politique coloniale est cependant toute nouvelle. Il y a, en effet, une bien frappante leçon dans le projet présenté au Congrès, dès le 10 février dernier, pour la pose d’un câble transpacifique, destiné à relier les Philippines aux États-Unis, avant même que l’occupation fût effective.
Voici le message adressé au Congres par le Président, à l’occasion de ce projet :
« Comme conséquence de la ratification du traité de Paris par le Sénat des États-Unis et de la ratification présumée par le gouvernement espagnol, les États-Unis vont se trouver en possession des îles Philippines. Les îles Hawaï et Guam faisant partie du territoire américain et présentant des points intermédiaires d’atterrissage commodes pour la pose des câbles, le besoin d’établir des communications télégraphiques reliant les États-Unis et les îles du Pacifique s’impose absolument et dans le plus bref délai. Une telle communication devrait être établie de façon à se trouver entièrement sous le contrôle des États-Unis, en temps de paix comme en temps de guerre. A l’heure qu’il est, des télégrammes ne peuvent arriver aux Philippines qu’en empruntant les lignes de pays étrangers, et la navigation seule nous permet de correspondre avec les îles Hawaï et Guam, ce qui occasionne des retards de huit jours pour chaque courrier. Une pareille situation ne devrait pas être tolérée plus longtemps.
« Le moment est venu de poser, à travers le Pacifique, un câble allant jusqu’à Manille, avec relais aux îles Hawaï et Guam. Deux méthodes pour l’établissement d’une pareille communication s’offrent à première vue : d’abord, construction et entretien de ce câble par le gouvernement des États-Unis ; ou bien, construction et entretien de cette ligne par une compagnie américaine, à des conditions dictées par le Congrès.
« Je ne veux pas indiquer de préférence au Congrès sur l’une