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VOYAGE AU JAPON

II.[1]
LA COMÉDIE ÉLECTORALE

Un État féodal qui transforme sa féodalité en parlementarisme sans se douter que cette métamorphose, d’ail leurs suggestive, tire souvent au comique ; une avant-garde d’imprudens imitateurs et de précurseurs à demi inconsciens, dont l’âme héréditaire, sous l’action de fermens importés, se travaille dangereusement ; un vieux peuple encore très vivant, mais passif, et qui n’entre dans ces nouveautés bizarres que s’il les accommode à ses passions d’autrefois : voilà ce que tout d’abord j’ai cru deviner et comprendre, par mes entretiens et les renseignemens de journaux, — par la connaissance plus intime de quelques Japonais, — enfin par l’occasion qui me mêla, quelques jours, hors de Tokyo, aux menus incidens d’une campagne électorale.


I

Le cabinet Ito avait succédé au cabinet Matsukata, et la période des élections allait s’ouvrir. La dissolution de la Chambre des députés n’avait point ému le pays, déjà blasé sur ces sortes de divertissemens. Et, comme je m’étonnais un peu de la facilité avec

  1. Voir la Revue du 15 décembre 1899.