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Partout l’Océan attaque et démolit les promontoires et les saillies du rivage et tend à détruire. Partout les eaux continentales apportent de nouveaux élémens de remblai et tendent à créer. L’homme est intervenu, à son tour, dans cette lutte incessante ; il s’est emparé des terrains nouvellement formés ; il cherche à les défendre tous les jours contre la morsure de la mer ; il lui oppose des épis, des clôtures, des digues, tout un appareil de fortifications, qu’il répare et renouvelle même quelquefois après chaque tempête ; il a régularisé, canalisé, discipliné le cours de tous les petits estuaires ; il a fixé les dunes mouvantes, consolidé les plages menacées ; il recreuse avec patience les ports et les anses qui s’atterrissent ; — et le résultat de toutes ces actions et de tous ces efforts, les unes naturelles et continues, les autres artificiels et intermittens, a été de donner à la côte le relief et le contour que nous lui voyons aujourd’hui, bien différens de ceux qu’il présentait hier et qu’il présentera peut-être demain.

La pointe du Chay, qui sépare la conche de Pontaillac de celle de Royan, fait exactement face à la pointe de Grave, située de l’autre côté de la Gironde. Les deux promontoires, distans de près de 6 kilomètres, forment la magnifique entrée du fleuve. Quand on suit la rive droite de la Gironde, on éprouve très nettement la sensation du passage de la région fluviale à la région maritime. Le point de transition est la saillie rocheuse sur laquelle est bâti le fort du Chay. De cette falaise à la pointe de la Coubre, la côte suit encore la direction de l’Ouest et paraît être toujours le prolongement de la rive droite de la Gironde ; mais c’est en réalité une côte marine. A la pointe de la Coubre, elle se retourne brusquement vers le Nord, jusqu’en face de l’île d’Oléron. La grande île est séparée du continent par le redoutable pertuis de Maumusson, qui marque l’embouchure de la Seudre, dont le vaste estuaire, gonflé par les eaux de la marée, présente alternativement l’aspect assez maussade d’une immense lagune morte et d’une petite mer d’une couleur terne, semée de bas-fonds vaseux. Le territoire compris entre la Seudre, la Gironde et l’Océan forme ainsi une véritable presqu’île, presque rectangulaire, de 25 kilomètres environ de longueur et de 10 kilomètres à peine de largeur. C’est la péninsule d’Arvert, ainsi nommée du petit village qui en occupe à peu près le milieu.

Le côté Sud du rectangle est dans le prolongement du rivage