faut en défalquer à peu près 5 000 noms de femmes, qui, en aucun cas, ne pourraient acquérir le droit de vote ; et que le gouvernement de Pretoria a pu opposer aux 15 000 qui pourraient être valables une déclaration de confiance signée de 23 000 Uitlanders, parmi lesquels se trouveraient bon nombre d’Anglais[1]. Au surplus, ni Les Russes, ni les Allemands (au nombre de 2 262), ni les Américains (615)[2], ni les sujets d’aucune autre nation, n’ont porté plainte auprès de leur gouvernement. Le mécontentement factice ne régnait que parmi les Anglais ; et, une fois la guerre déclarée, on a vu, au contraire, les hommes valides de toutes les nationalités s’empresser de prendre les armes pour la défense de la République contre l’invasion anglaise.
Examinons maintenant les plaintes de la deuxième catégorie : les cas dits Edgar, Lombard et de l’Amphithéâtre. Ces trois affaires ne sont que des algarades de police. Le 18 décembre 1868, un sujet anglais, du nom de Forster, fut assommé par un certain Edgar. La police accourut, et, comme Edgar s’était enfui dans sa maison, le sergent Jones y pénétra pour l’arrêter. Edgar, alors, l’assaillit, lui porta un coup formidable avec un instrument dangereux, et Jones, en état de légitime défense, tira sur Edgar et le tua. Traduit par ordre du procureur devant le jury, l’agent de police fut acquitté. Voilà les faits que M. Chamberlain a boursouflés jusqu’à en faire « l’exemple récent le plus frappant d’acte arbitraire des fonctionnaires et d’approbation de cet acte par les cours[3]. » Eh bien ! de bonne foi, examinez les rapports de police de Londres et de Paris, et assurément les récits d’échauffourées tout à fait semblables ne vous manqueront pas. Ou, mieux encore, informez-vous de ce qui s’est passé en Californie lors de la découverte de l’or dans cet État, ou de ce qui se passe à cette heure même au Klondyke, et jugez vous-même de la valeur de ce « cas Edgar ! »
Lombard était, lui aussi, un policier de Johannesburg, du même genre que Jones, un peu brusque dans ses façons. Une série de plaintes furent déposées contre lui, pour toutes sortes d’outrages qu’il aurait commis envers des hommes et des femmes ; plaintes que M. Chamberlain a eu soin d’insérer dans toute leur longueur