réformes qui seraient apportées ensuite à la Conférence plénière comme l’expression de leur accord, ou plutôt, disait-on à la Porte, comme une décision dictée d’avance par un cénacle étranger. Cette appréciation n’était pas exacte : la procédure en question avait été adoptée pour simplifier le travail, et l’on verra plus loin que les documens ainsi préparés n’avaient point le caractère absolu et comminatoire dont on affectait de s’indigner. Quoi qu’il en soit, le gouvernement ottoman avait trop d’intérêt à paraître opprimé par des résolutions préconçues et prises sans son concours pour modifier son sentiment, et, bien que les plénipotentiaires, en vue d’éviter l’équivoque et de donner à leurs pourparlers la forme d’un échange d’idées susceptible d’amendemens très étendus, m’eussent enjoint, — en me nommant leur secrétaire, — de rédiger de simples comptes rendus et non des protocoles, la Porte persista à se considérer comme menacée de textes obligatoires et d’une sorte d’attentat contre son indépendance. Elle n’en fut que mieux affermie dans l’intention de prendre les devans et d’opposer à la Conférence, pour la rendre inutile ou odieuse et justifier sa propre résistance, tout un bagage d’institutions présentées avec ostentation comme un bienfait spontané, octroyées non pas à telles ou telles provinces, mais à tout l’empire. Elle pressa donc le travail de la commission des réformes qui discutait depuis quelque temps diverses combinaisons.
On avait songé d’abord à développer seulement les attributions dévolues aux assemblées locales, ou bien à rééditer, en les Améliorant, les firmans antérieurs, ou bien encore à créer un conseil national de musulmans et de chrétiens chargé des principales affaires administratives et financières. Mais, au point où l’on en était venu, ces dispositions paraissaient bien effacées : on voulait un acte saisissant, décisif, solennel, qui réduisît l’Europe au silence en déroutant sa diplomatie et donnât au nouveau règne, surtout à Midhat-Pacha et à ses partisans, le prestige d’une œuvre destinée à assurer l’avenir de l’Orient. On s’arrêta donc à la rédaction hâtive d’une constitution dont, au surplus, un mémorandum avait précédemment indiqué les bases, et Midhat fut élevé au rang de grand vizir. Les réunions des représentans européens en décembre 1876, et, plus tard, la Conférence plénière s’ouvraient donc dans les conditions les plus défavorables. L’antagonisme était évident dès le premier jour. Non seulement les deux partis s’inspiraient d’idées divergentes, mais les