marchande, qui s’étendait sur les berges du confluent du Rhône et de la Saône, et qu’on appelait naturellement la « ville du confluent », Condate Lygdunensis.
La situation de Nantes, alors surtout que les routes faisaient à peu près défaut sur le sol de la vieille Celtique, était réellement de premier ordre. La Loire, l’Erdre et la Sèvre nantaise s’y réunissent en une sorte de carrefour fluvial, divisé en quatre bras, entre lesquels émerge un véritable archipel d’îles. Cette division du lit adoucit d’une manière très sensible la force du courant ; et le passage d’une rive à l’autre, ainsi fractionné, présente par suite de très grandes facilités. Par l’Erdre, on pouvait s’avancer assez loin vers le Nord dans l’Armorique, à travers le pays des Vénètes. Par la Sèvre nantaise, on remontait dans le pays des Lémovices et des Pictons, dont l’ancien chef-lieu de cité se trouvait presque en face de Nantes, à Rézé, l’ancien Ratiatum de Ptolémée[1]. Par la Loire fluviale on pénétrait tout à fait au cœur de la Celtique. Par la Loire maritime enfin, on allait à la mer.
La distance de Nantes à l’Océan n’est d’ailleurs que d’une cinquantaine de kilomètres, deux fois moins que celle de Bordeaux au cap de la Coubre ou à la pointe de Grave. L’embouchure du fleuve se trouve à peu près sur la ligne qui joint les falaises de Saint-Brévin, sur la rive gauche, au rocher de Saint-Nazaire, sur la rive droite. Les deux promontoires se font face à 2 kilomètres seulement de distance. C’est un rétrécissement. Immédiatement en amont de cet étranglement, la Loire a près de 4 kilomètres de rive à rive. En aval, la rade s’étale magnifiquement ; et la côte, largement échancrée, dessine un admirable golfe dont les saillies extrêmes sont la pointe de Chemoulin et celle de Saint-Gildas, séparées par un bras de mer de près de 12 kilomètres.
Au milieu de ce golfe, quelques bancs sous-marins, quelques platins rocheux. Plusieurs émergent et peuvent servir d’amers. La Pierre-Percée en particulier est reconnaissable entre tous par son ouverture naturelle, qui lui donne l’air d’un grand portique et sert de relèvement aux pilotes. D’une rive à l’autre, s’étend un large seuil, sur lequel peuvent passer, à toute marée, des navires de 500 tonneaux, mais que les troubles de la Loire tendent à nourrir et à exhausser sans cesse. C’est la Barre des Charpentiers. Des dragues puissantes y ont creusé et y entretiennent une passe
- ↑ Πιϰτόνες ὦν πόλεις Ρατίατον 50° 17’ — 40° 20’. Ptol., II, VII, 6.