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par les pêcheurs de la basse Loire. Au XVIe et au XVIIe siècle, on y armait de petites flottilles pour les expéditions de Terre-Neuve. On y faisait sur une assez grande échelle l’exportation des sels, des blés et même des vins. On y construisait même un certain nombre de bateaux, et, malgré les magnifiques écueils d’un effet très pittoresque sans doute, mais qui rendent quelquefois l’entrée du port assez dangereuse, l’activité commerciale était considérable[1].

Les grands travaux d’amélioration n’ont été exécutés qu’au cours de notre siècle, précisément, comme cela arrive souvent, au moment de la décadence et dans l’espoir presque toujours déçu de pouvoir l’enrayer. Mais on ranime bien difficilement un mouvement très ralenti. Le port du Croisic comprend actuellement trois parties distinctes : un avant-port, des quais extérieurs et des bassins presque fermés appelés « chambres. » L’avant-port, qui sert exclusivement au mouillage des navires en relâche, est protégé par une magnifique jetée de 860 mètres de longueur. Les quais du côté de la ville ont un développement de plus de 2 kilomètres et demi, dont la moitié environ bordent la terre ferme, et le long desquels les bateaux prennent et laissent leur chargement. D’autres quais leur font face, utilisés seulement pour l’accostage et entourant quatre îlots singuliers disposés en chapelet dans le chenal à la suite les uns des autres, et qu’on appelle, on ne sait pourquoi, mais assez improprement des « jonchères, » puisqu’il n’y a là et qu’il n’y a jamais eu ni joncs ni la moindre végétation. Ces jonchères sont simplement de petits bancs granitiques qui dépassent à peine le niveau des basses mers, mais qui ont été artificiellement surexhaussés par des dépôts séculaires de délestage. Elles laissent libre entre elles et le long des murs du quai de la ville une série de compartimens où l’eau est presque morte et dans lesquels sont disposées plusieurs cales. Ce sont la « grande chambre, » la « petite chambre » et la « chambre des vases, » échelonnées à la suite l’une de l’autre, et qui en réalité constituent le port et présentent ensemble une superficie de près de 4 hectares. Bien qu’inférieur à ce qu’il était il y a deux siècles, le mouvement commercial a toujours une certaine activité et dépasse annuellement 20 000 tonnes[2].

  1. Morlant, Précis historique sur le Pays de Guérande et du Croisic, 1818. Auiliganne, La Région du bas de la Loire. 1868.
  2. Bonamy, Port du Croisic (Ports maritimes de la France, op. cit.).