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nos plates-formes par mauvais temps, de la supériorité de notre artillerie, du manque de protection, des navires anglais sur les points essentiels, à trois contre cinq, et surtout par une mer houleuse, nous serions les plus forts. »

Nos principales unités, cuirassés et croiseurs, sont donc, non pas seulement égales, mais très sensiblement supérieures à tout ce que l’Angleterre a produit depuis une dizaine d’années, à force de capitaux, pour étonner le monde, pour l’intimider, et aussi, sans doute, pour faire prospérer l’industrie de l’acier, et les grands capitalistes mêlés aux hommes d’État qui s’y intéressent.


Enfin l’offensive doit avoir pour but définitif des débarquemens, une invasion sur un point de l’empire britannique considéré comme vital.

Par suite, nos escadres et nos navires les plus puissans ne doivent pas s’éloigner des points où ils doivent préparer ces opérations, en vue desquelles seulement leur existence est justifiable. A Brest, à Cherbourg et à Toulon, et aussi à Rochefort et à Lorient, doivent être accumulées, tenues en réserve, les ressources de toute nature indispensables pour atteindre ce but, en frappant un coup décisif sur les côtes de l’Angleterre, de l’Irlande, en Égypte ou ailleurs. La surface que présentent les possessions anglaises est grande ; les points vulnérables, pour diverses causes, en sont nombreux. Trente ou quarante mille hommes de véritables troupes qui y seraient résolument débarqués n’en seraient pas délogés facilement par les riches et majestueux régimens de la Grande-Bretagne.

Disons, à ce propos, que l’offensive contre l’Angleterre peut être singulièrement facilitée par l’action d’un certain nombre de sous-marins offensifs, petits navires qui, il faut le dire, n’ont pas été inventés récemment et ne sont pas nés brusquement sous l’impulsion de notre avant-dernier ministre. Il les a même fait valoir d’une façon plutôt compromettante, en provoquant une dérision qui, sur ce point, ne serait pas justifiée. C’est ainsi que dans la discussion du budget de la marine anglaise à la Chambre des communes, on peut lire ce qui suit : « M. Lockroy a présenté la navigation sous-marine comme une ressource pour garantir à la France une grande supériorité sur ses rivales. Cela peut être suffisant pour rassurer les compatriotes de Jules Verne, mais les Anglais n’en éprouveront pas beaucoup d’inquiétude. D’autres